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- Lutte ouvrière n°2154
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Leur société
1 % logement : Quand le logement social finance des nantis
Les dirigeants de deux organismes du 1 % logement, l'AFL et Alliance, sont poursuivis par le parquet de Paris. On les soupçonne d'abus de confiance et recel, abus de biens sociaux et recel, faux et usages de faux, prise illégale d'intérêt. La Cour des comptes les avait déjà épinglés à plusieurs reprises, leur reprochant, outre des coûts de gestion trop élevés, des méthodes de gouvernance pas très conformes. Désormais, les accusations se font plus précises, et la justice désigne certains bénéficiaires qui n'auraient pas respecté les règles.
Mais il y a d'autres organismes, d'autres bénéficiaires bien placés, où la justice n'a rien trouvé à redire.
Christian Gazet du Chatelier, par exemple, ancien directeur général de Solendi, un des principaux organismes collecteurs du 1 %, a discrètement bénéficié à son départ d'un « parachute » de 1,3 million d'euros, en plus d'une retraite-chapeau de 130 000 euros par an. D'après un document interne concernant les dirigeants des 101 organismes chargés de collecter le 1 % logement, cinquante directeurs déclarent toucher de leur organisme plus de 100 000 euros annuels, et trois directeurs plus de 200 000 euros annuels. Pour des organismes chargés de faire du « logement social », avec l'argent des salariés !
Mais, le 1 % logement, institué en 1953 pour résorber la pénurie, favoriser la construction de logements sociaux, n'est plus très « social ». Progressivement, son taux a diminué, et aujourd'hui il ne concerne que les entreprises de plus de 20 salariés, qui ne doivent verser que 0,45 % de la masse salariale. Et puis, la destination des sommes collectées - environ 4 milliards d'euros chaque année - a changé : la construction de logements neufs en vue d'une location à prix abordable, n'est plus une priorité, et l'argent du 1 % sert à bien d'autres choses. À l'accession à la propriété pour les cadres, par exemple, au financement de projets gouvernementaux, mais également à l'enrichissement privé de quelques requins, placés par le Medef et les autres fédérations patronales, qui chapeautent tous les organismes collecteurs.