70 des 130 postiers répartis sur les deux sites de Beauvais ont fait sept jours de grève contre une nouvelle réorganisation qui devait se mettre en place le 17 novembre.

Celle-ci prévoyait la suppression d'une dizaine d'emplois par le non-remplacement de cinq départs en retraite et le renvoi de cinq jeunes en contrat à durée déterminée. Cela se serait traduit par la suppression de plusieurs tournées et par l'augmentation des jours et des semaines que la direction décrète faibles. Pendant ces périodes dites faibles, les facteurs sont moins nombreux à travailler et doivent faire en plus de leur tournée celles de ceux qui sont mis en congés. Lors d'une précédente réorganisation la direction avait déjà imposé le lundi, le mardi et plusieurs semaines complètes dans l'année à ce régime, en prétextant que ces jours-là il y avait moins de travail. Ce coup-ci, elle voulait encore rajouter le mercredi.

De plus, la direction voulait que la distribution de la publicité « non adressée » soit ajoutée aux tournées.

Cette nouvelle réorganisation venait après bien d'autres qui s'étaient traduites par 45 suppressions de postes depuis 2001, par une charge de travail plus lourde et donc par de plus en plus de fatigue.

Le mécontentement s'était déjà exprimé lors des journées d'action syndicales du 22 septembre et du 7 octobre. Une partie de ceux qui avaient alors fait grève étaient décidés à profiter de la journée à laquelle appelait la CGT le 22 octobre pour faire grève le plus nombreux possible et pour proposer la reconduction du mouvement le lendemain.

La grève a été massive puisque les chiffres de grévistes ont pu atteindre 70 sur environ 110 postiers prévus pour travailler ces jours-là et a duré sept jours, reconduite tous les matins lors d'un vote en assemblée générale.

Les grévistes ont multiplié les distributions de tracts dans les rues commerçantes et au marché de Beauvais et ils ont pu alors vérifier que toute une partie de la population rencontrée sympathisait avec la grève, sans doute parce qu'elle est aussi confrontée aux licenciements et aux conséquences de la crise.

C'est en assemblée générale qu'une délégation d'une dizaine de membres était élue pour aller aux négociations avec la direction et qu'il était discuté de l'attitude à adopter. Dès le début, il avait été décidé qu'au bout d'une demi-heure la délégation reviendrait rendre compte, et cela s'est passé ainsi pendant toute la grève.

Au bout de sept jours les grévistes ont obtenu l'embauche des cinq contractuels, l'annulation de l'augmentation des journées et semaines faibles que la direction voulait imposer et de l'intégration de la publicité dans la tournée. Les grévistes ont aussi obtenu l'équivalent de deux à trois jours de grève payés sous la forme du paiement d'heures supplémentaires qu'ils n'auront pas à effectuer.

Tous étaient conscients que pour faire reculer La Poste sur la totalité de sa politique, il faudrait un tout autre rapport de force. Mais ils ont réussi à constituer une force collective capable de se faire craindre et c'est très heureux d'avoir obtenu l'embauche de leurs cinq camarades contractuels que les grévistes ont repris le travail.