Paris en ligne : Faites vos jeux, ça roule !21/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2151.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Paris en ligne : Faites vos jeux, ça roule !

La majorité de droite au Parlement vient de décider d'ouvrir à la concurrence les jeux d'argent en ligne, sur Internet, mettant fin au monopole dont disposait jusqu'alors l'État français. Ces jeux existaient déjà hors Internet, mais ils étaient organisés sous l'égide de l'État, qui était censé en contrôler le développement et les règles, et surtout qui en récupérait de coquettes recettes.

Le gouvernement, à l'initiative de cette mesure, prétend qu'il ne s'agit pas de donner plus de champ au développement de ces jeux d'argent, mais d'en assurer le contrôle, prétextant que de toute façon ces jeux existent déjà illégalement sur Internet. Comme si c'était un argument ! Désormais, les opérateurs devront acheter une licence - il est envisagé d'en attribuer une cinquantaine - leur donnant la possibilité, légale cette fois, d'appâter les gogos avec l'espoir que quelques-uns d'entre eux décrochent le pactole. Avec la certitude surtout que les opérateurs et l'État toucheront automatiquement le gros lot.

Autre argument entendu, le fait que les règlements européens imposent la fin des monopoles. Cette condition, on l'a vu encore récemment à l'occasion du référendum irlandais, est à géométrie variable. La Commission européenne sait accorder des exceptions à ses règles quand cela l'arrange.

En fait, derrière ces prétextes, il s'agit surtout de distribuer à de futurs opérateurs disposant d'une surface financière notable - Bouygues mais aussi Bolloré et Lagardère, déjà présents sur le marché des jeux en ligne, sont sur les rangs pour l'obtention de ces licences - le droit d'exploiter ce filon. Un filon prometteur puisque, par exemple, on prévoit que le chiffre d'affaires des seuls paris sportifs devrait bondir de plus de 100 % d'ici 2012 pour atteindre 1,8 milliard d'euros.

Cela explique la hâte du gouvernement, qui dit vouloir que les décrets d'application de cette loi soient en place avant la prochaine coupe du monde de football.

Le côté comique, ou ridicule, de cette affaire, c'est qu'il a prévu de consacrer 10 millions de ses recettes provenant des jeux à la lutte contre l'addiction. Ouf, la morale est sauve !

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