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Dans le monde
Maroc : La liberté de presse n'existe pas
Le directeur du journal marocain Al Michaâl a été condamné à un an de prison ferme et aussitôt incarcéré, pour avoir publié un article sur... la santé du roi Mohamed VI ! Deux autres journalistes ont été condamnés à trois mois de prison pour les mêmes faits, c'est-à-dire pour « publication mal intentionnée ».
Au Maroc, la liberté de la presse existe, à condition de ne donner qu'une image positive de la monarchie, de ne surtout pas évoquer le rôle du roi dans la gestion du pays, de ne pas parler de la religion musulmane ni des mouvements islamistes, de ne pas aborder le problème de l'occupation du Sahara occidental par l'État marocain, ou tout autre sujet susceptible de fâcher Sa Majesté.
Le pouvoir marocain se vante d'être un des plus libéraux des pays arabes. Pourtant, le nouveau Code de la presse adopté en 2002 a maintenu les peines de prison pour délits de presse, même si elles ont été réduites : ainsi les journalistes susceptibles par leurs écrits de « porter atteinte à la dignité du roi » ne risquent plus « que » cinq ans de prison, au lieu de vingt précédemment. Il est aussi prévu qu'un journal ne puisse plus être suspendu ou interdit de parution par simple décision administrative, mais par un jugement rendu par un tribunal ; ce qui ne change rien dans les faits, vu l'absence d'une justice indépendante du pouvoir.
Curieusement, parmi nos dirigeants si prompts à se poser en défenseurs de la liberté et des droits de l'homme, on n'a entendu aucune protestation contre les atteintes à la liberté de la presse dont sont victimes des journalistes marocains. On ne va tout de même pas risquer de gêner les bonnes affaires des entrepreneurs français présents au Maroc et les bonnes relations avec le régime !