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- Lutte ouvrière n°2151
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Leur société
La tactique syndicale : Des protestations en ordre dispersé
Ces dernières semaines, les journées d'action se sont succédé. Le 7 octobre, les travailleurs étaient appelés à une initiative « interprofessionnelle » ; quelques milliers d'entre eux y ont répondu.
Mais Bernard Thibault, qui prédisait que « l'immobilisme des salariés serait suicidaire », ne donnait comme perspective à cette journée que « de rendre à nouveau crédible l'utilité de l'action collective ». Et les autres syndicats n'en faisaient pas plus, et même moins, cette journée étant d'avance qualifiée de « mobilisation sans grève ».
Le 16 octobre, c'était au tour des retraités de manifester à l'appel des syndicats CGT, CFDT, CFE, CGC, Unsa... pour la défense de leur pouvoir d'achat.
Le 20 octobre, CGT,CFDT et SUD appelaient les cheminots à la grève. Le même jour, les travailleurs de Pôle emploi, de leur côté, protestaient contre la dégradation de leurs conditions de travail ; les infirmiers étaient appelés à manifester par la CGT ; c'était aussi une journée de mobilisation pour France Télécom. Mais chacun était appelé à agir de son côté, deux jours avant la journée de défense de l'emploi industriel appelée par la CGT le 22 octobre... et avant le 26 octobre, journée pour laquelle la CFDT-Fgaac, qui représente 40 % des conducteurs d'Eurostar, a annoncé avoir déposé un préavis de grève pour toutes les catégories de personnels des trains à grande vitesse entre Londres, Paris et Bruxelles.
Il est difficile de faire pire dans l'émiettement des journées d'action ! Les journées nationales appelées en janvier et en mars par l'ensemble des confédérations avaient pourtant connu une bonne participation... jusqu'à celle de juin dont les directions syndicales semblaient avoir prévu à l'avance qu'elle serait un demi-échec. Et aujourd'hui, tout se passe comme si les confédérations syndicales avaient décidé de diviser à l'infini un mouvement qui devrait être général et dont on a vu qu'il pouvait l'être.
Les travailleurs subissent tous la dégradation des conditions de travail, parfois avec des conséquences dramatiques, comme on le voit à France Télécom. Ils en ont tous assez de voir la charge de travail s'accroître alors que leurs patrons licencient. Ils ont tous des salaires qui stagnent. Les travailleurs confrontés aux fermetures d'entreprises ou aux licenciements en sont réduits à se battre seuls, le dos au mur, alors que personne parmi les salariés, n'est sûr de ne pas risquer, demain, de perdre son emploi.
Il y en a assez de la politique de division à la petite semaine des directions syndicales. Alors que patrons et gouvernement sont bien décidés à faire payer aux travailleurs et aux couches populaires tous les frais de la crise qu'ils ont provoquée, il est plus urgent que jamais de mettre un coup d'arrêt à cette politique. Les travailleurs ont la force de le faire, s'ils réagissent tous ensemble pour imposer leurs revendications vitales.