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Leur société
Faux médicaments : Sur le terreau de la misère
Lundi 12 octobre, au nom de la fondation qu'il dirige, Chirac a lancé à Cotonou au Bénin un appel pour lutter contre les faux médicaments, qualifiant de « crime » leur fabrication et leur commercialisation. Ces faux médicaments représenteraient, selon l'OMS, 10 % de l'ensemble des médicaments vendus dans le monde, pour un total de 45 milliards d'euros.
Certains de ces produits contiennent le même principe actif que les vrais médicaments, mais en moins grande quantité, et leur efficacité en est réduite d'autant. Les « faux médicaments » antipaludéens entraîneraient selon l'OMS la mort de 100 000 Africains par an. D'autres « faux médicaments » ne contiennent même pas de principe actif et d'autres sont de véritables poisons, contenant des substances toxiques, comme ce faux sirop de paracétamol qui a entraîné la mort d'une centaine de nourrissons au Nigeria en 2008.
C'est en Afrique que les faux médicaments font le plus de ravages, car la quasi-totalité de la population (85 % par exemple au Bénin) est contrainte de les utiliser, les vrais médicaments étant inabordables car bien trop chers. Mais c'est aussi parmi les pauvres des autres pays du Tiers Monde et même des pays riches que cette industrie des faux médicaments fait des victimes, car c'est sur la précarité et la misère qu'elle se développe.
Pour ces milliards d'individus, la majorité de la population mondiale en fait, il faudrait disposer de médicaments à très bas prix, qui les rendraient abordables. Pour cela il faudrait imposer aux multinationales de l'industrie pharmaceutique de réduire leurs profits colossaux et de ne pas s'opposer par tous les moyens, au nom des sacro-saints brevets, au développement de médicaments génériques moins chers. Mais c'est oublier que l'industrie pharmaceutique est d'abord une industrie capitaliste qui obéit à la seule loi du profit.
L'ex-président français et les actuels dirigeants africains réunis au Bénin ont annoncé vouloir faire voter aux Nations unies une convention interdisant la production et la commercialisation de faux médicaments, avant d'organiser à la fin 2010 une conférence internationale à Genève. L'intention peut paraître louable mais, outre l'occasion pour l'ex-président de se donner l'image d'un combattant humanitaire, elle risque de ne pas être autre chose qu'une déclaration d'intentions. Car le recours aux « faux médicaments » se nourrit d'abord - au-delà de l'ignorance - de la misère dans laquelle le capitalisme oblige des milliards d'êtres humains à survivre. Les « faux médicaments » sont finalement aussi le reflet de la course effrénée au profit dans le système capitaliste.