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- Lutte ouvrière n°2148
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Hôtel-Dieu (Hospices civils de Lyon) : Les agents confrontés à la fermeture de leur hôpital
Face aux restrictions et aux déficits budgétaires, les Hospices civils de Lyon (HCL), comme tous les hôpitaux publics, mènent depuis des années une politique de suppressions de postes et de fermetures de lits, qui a abouti à la fermeture définitive de plusieurs établissements, comme l'Antiquaille et Debrousse. Aujourd'hui c'est le tour de l'Hôtel-Dieu, comptant initialement environ 200 lits, qui devrait fermer en 2010.
Les agents, confrontés au transfert progressif de leurs services depuis 2004, ont dû batailler, face à une direction méprisante et sourde à leurs demandes, pour obtenir toutes les informations nécessaires à l'établissement de leurs voeux de mutation. Trop souvent, les annonces de départs se sont faites en dernière minute, les plans d'accompagnement social ont été mis en place à la va-vite avec un manque de transparence sur les postes proposés. Des comités de vigilance ont dû se créer, en particulier lors des transferts de la Réanimation, de la Chirurgie, de la Maternité et de la Gynécologie, afin que la direction n'impose pas ses choix aux agents. C'est ce qui a permis à la quasi-totalité d'entre eux d'obtenir chacun un poste à sa convenance.
Le centre d'IVG de l'Hôtel-Dieu est également touché par la fermeture. Il a toujours été le centre d'orthogénie le plus important du département du Rhône (le deuxième au plan national), accueillant plus de 2 000 femmes chaque année. Animé par une équipe médicale et paramédicale militante, ce centre a gardé une tradition d'humanité et de prise en charge globale des femmes qui y sont accueillies. L'éclatement de l'équipe étant prévu dans le transfert, avec le risque de voir le nombre d'IVG diminuer, un collectif de défense s'est mis en place, qui entend tout faire pour garantir son maintien dans sa globalité dans un des hôpitaux des HCL et surtout continuer à assurer aux femmes le droit à l'IVG.
Aujourd'hui, à quelques mois de la fermeture définitive, l'hôpital s'est vidé de la moitié de son personnel et fonctionne avec difficulté : le service médical d'accueil a disparu ainsi que la Biologie d'urgence, l'Imagerie d'urgence, et les examens des malades ne peuvent plus être réalisés sur place. Un système de navettes a bien été mis en place pour collecter les prélèvements et les envoyer dans d'autres hôpitaux, mais ce système ne fonctionne qu'en journée. Le soir et la nuit, il faut faire appel à des taxis, ce qui est très onéreux. Dans cette situation, les médecins ne veulent plus admettre de malades atteints de pathologies graves, car ils se sentent dépourvus de moyens pour agir dans de brefs délais. Et lorsque l'état d'un malade s'aggrave, vu que le service de réanimation a lui aussi disparu, il faut faire appel au Samu, qui n'arrive pas forcément immédiatement, ce qui à plusieurs reprises a mis des patients en danger.
L'Hôtel-Dieu est certes un établissement très ancien (Rabelais y a exercé la fonction de médecin au XVI° siècle !) qui ne pouvait pas être modernisé selon les critères actuels. Mais, situé en centre-ville et facile d'accès, il accueillait les populations des quartiers proches, beaucoup de patients modestes ainsi que des toxicomanes, des marginaux. Il aurait très bien pu rester un grand pôle de consultations, de prévention et de dépistage. La municipalité de Lyon et les HCL ont préféré vendre l'ensemble des bâtiments historiques, qui devraient être transformés au bénéfice de commerces de luxe et d'un hôtel de standing.
La santé des affaires se porte bien, au détriment de celle de la population.