Affaire Clearstream : Des dessous pas très transparents01/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2148.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Affaire Clearstream : Des dessous pas très transparents

« Le secret bancaire est révolu », clamait déjà Sarkozy lors du précédent G20, en avril dernier. Or certains épisodes de l'affaire Clearstream fournissent un édifiant contrepoint aux vertueuses déclarations faites lors du récent « sommet » de Pittsburgh sur la fin des paradis fiscaux et la transparence désormais de mise.

Les deux premières personnes entendues dans le cadre du procès, Florian Bourges, l'ancien stagiaire du cabinet Andersen envoyé pour un audit auprès de la superbanque luxembourgeoise Clearstream, et le journaliste Denis Robert, qui enquêtait sur les activités occultes de cette dernière, sont inculpés - ni plus ni moins - de vol et/ou recel de fichiers informatiques. En l'occurrence, la justice est saisie parce que des listings de comptes ouverts chez Clearstream par des banques, des sociétés financières et des particuliers, ont été en leur possession, quel que soit l'usage qu'ils en aient fait.

Ce que l'on reproche à Denis Robert et Florian Bourges, c'est donc d'avoir porté à la connaissance du public des données couvertes par ce « secret bancaire »... dont on nous assure par ailleurs qu'il n'existe plus !

L'ex-stagiaire d'Andersen semble avoir dans un premier temps, au cours de son audit, mis en lumière des anomalies dans les listings de clients Clearstream, comme l'existence de comptes de particuliers là où logiquement n'étaient censés figurer que des établissements bancaires.

Clearstream est en effet en principe une chambre internationale de compensation, une de ces « autoroutes de la finance » qui relient les grandes banques de la planète et les multinationales.

Le journaliste Denis Robert, quant à lui, enquête depuis des années sur les activités de la banque. Clearstream est la filiale luxembourgeoise du puissant Deutsche Börse Group, l'un des principaux organisateurs des flux financiers mondiaux. Denis Robert a depuis longtemps mis en lumière les transactions officielles de Clearstream... et les autres, souvent difficiles à démêler, faisant généreusement appel aux paradis fiscaux et au secret bancaire.

Ces listings de comptes, fournis par le stagiaire et récupérés par le journaliste, ont apparemment servi de base au montage rocambolesque qui met aux prises Sarkozy et Villepin. Mais surtout leur authenticité n'a jamais été contestée par Clearstream. La banque s'est hâtée, il y a quelques années, de licencier son ancien patron, le Suisse André Lussi, inculpé depuis pour blanchiment, faux et usage de faux, faux bilans, infraction à la loi sur le secteur financier et escroquerie en matière d'impôt. Elle ne saurait nier le volume des flux financiers, licites ou non, qu'elle gère et dont elle vit. Alors elle tente au moins de maintenir l'opacité sur ses opérations, en intentant procès sur procès à tous ceux qui ont essayé d'y voir clair...

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