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- Lutte ouvrière n°2147
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Dans les entreprises
Technocentre Renault - Guyancourt (Yvelines) : Chômage partiel et chasse aux subventions
La direction de Renault a décidé de mettre en chômage partiel, tous les vendredis jusqu'à la fin de l'année, tous les travailleurs du siège social et des bureaux d'études de la région parisienne.
Pourtant, la charge de travail de chacun n'a nullement diminué, d'autant que les effectifs ont largement chuté. Au Technocentre de Guyancourt, où sont conçus et développés les nouveaux projets de véhicules, nous sommes ainsi aujourd'hui 10 900 salariés, dont plus de mille prestataires.
Le chômage partiel a commencé vendredi 11 septembre. Il va représenter au total 19 jours jusqu'à fin décembre. Si beaucoup de salariés sont plutôt contents de ne travailler que quatre jours par semaine, tous constatent la pagaille avec laquelle tout cela est organisé.
Ainsi, des directeurs ont demandé des dérogations pour faire travailler des centaines de salariés... les vendredis de chômage partiel ! Preuve que faire le travail de cinq jours en quatre, ce n'est pas possible. Et pour ceux qui viendront travailler, les cantines et les parkings seront fermés. La direction a aussi concocté un avenant au contrat de travail intitulé « permanence en période de chômage partiel « ... à domicile. Elle affirme que ce n'est pas du télétravail, mais cela y ressemble fortement. Par ailleurs, pour les salariés du Technocentre, trois journées de formation obligatoires sont prévues. Il va donc falloir venir au travail comme d'habitude... mais ces jours-là ne seront payés que sur la base de l'indemnisation du chômage partiel, c'est-à-dire moins que d'habitude !
De leur côté, les travailleurs intérimaires et prestataires ont été informés au dernier moment des conditions de leur indemnisation. Car Renault, le donneur d'ordres, a laissé les entreprises sous-traitantes et d'intérim dans le flou pendant des semaines. Par exemple, si certains salariés des cantines et des sociétés de nettoyage ont posé des jours de congés, d'autres vont travailler sur d'autres sites en région parisienne, avec des heures de transport supplémentaires.
Tout cela s'inscrit dans ce que Renault appelle le « contrat social de crise » , signé au printemps par tous les syndicats sauf la CGT. Dans les réunions de service, la justification avancée par la direction est l'amélioration de la trésorerie de Renault, en généralisant le chômage partiel à toutes les catégories, y compris les ingénieurs et les cadres. Elle estime les économies qui vont être ainsi réalisées à 100 millions d'euros sur la masse salariale et à 100 millions en terme d'exonérations de cotisations patronales. Or, sur les 40 000 salariés de Renault maison-mère, les ingénieurs et cadres représentent 43 % de la masse salariale.
Voilà comment, au-delà des aides de l'État déjà octroyées aux entreprises du secteur automobile, un grand constructeur pompe les fonds publics et ceux de la Sécurité sociale, au moment même où le gouvernement nous annonce des déficits et le relèvement du forfait hospitalier.