Samedi 19 septembre, les syndicats suisses ont réuni près de 30 000 personnes à Berne « contre la crise : pour garantir les emplois, les salaires et les retraites ». Le gros des manifestants étaient les travailleurs du bâtiment et de la grande distribution, les cheminots et les employés des services publics, auxquels s'étaient joints les partis de gauche et d'extrême gauche.

Les manifestants se sont retrouvés sous un soleil automnal, derrière des slogans dénonçant les cadeaux fiscaux aux entreprises, les diminutions de salaires, les licenciements massifs et le démantèlement des assurances sociales.

Parti de la gare de Berne, le cortège, dynamique et coloré, est passé devant différents ministères pour se retrouver place Fédérale, devant le siège du gouvernement, où plusieurs allocutions ont été prononcées, avec un ton assez radical reflétant le ras-le-bol dont la participation massive témoignait. Le porte-parole du syndicat qui organise les travailleurs du BTP et de la grande distribution a ainsi déclaré : « En ce moment, nous vivons une situation scandaleuse. Le cours des actions commence déjà à monter, les banques se remettent à verser des bonus par millions aux managers, et pendant ce temps l'industrie est en plein cauchemar : chaque jour des licenciements sont annoncés. »

La Suisse n'est en effet pas épargnée par la crise. C'est un paradis fiscal pour les riches, mais pour les travailleurs - suisses ou frontaliers - ce sont les licenciements massifs dans l'industrie horlogère et la métallurgie notamment. Le chômage a quasiment doublé depuis août 2008, et on annonce pour l'an prochain une forte augmentation des primes d'assurance maladie, qui est en Suisse entièrement contrôlée par des caisses privées... le monde du travail est donc touché de plein fouet.

L'année dernière, le Conseil fédéral (gouvernement) et la BNS (banque centrale) ont débloqué 68 milliards de francs de garantie (environ 45 milliards d'euros) pour « sauver » l'UBS, la première banque de Suisse, au bord de la faillite après ses spéculations dans les produits subprimes. Dans la manifestation, l'UBS était d'ailleurs une cible désignée par de nombreux manifestants.

Si bien des revenus financiers et les salaires des hauts cadres ont continué à enregistrer des hausses dans la plupart des entreprises du public comme dans le privé en 2009, il n'en a pas été de même pour les salariés, obligés de manifester pour se faire entendre.