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Leur société
La «jungle» de Calais évacuée, Eric Besson mène la chasse aux réfugiés
À l'aube du mardi 22 septembre, 500 CRS ont interpellé 278 migrants, dont 132 mineurs, qui n'avaient pas abandonné, comme des centaines d'autres, leurs campements de fortune dans la « jungle » proche du port de Calais.
Avant leurs arrestations, ils se sont regroupés face aux policiers, avec des banderoles rédigées par eux à l'avance, comme celles-ci : « Nous voulons l'asile et la paix » « Nous avons besoin d'un abri et de protection ».
C'est en avril, que le ministre de l'Immigration, Éric Besson, a annoncé son intention de raser la « jungle », une zone boisée où s'entassaient sans aucune hygiène ni assistance publique des centaines d'immigrés, principalement afghans et irakiens. Depuis des années, ils fuient la guerre dans leurs pays pour tenter de rejoindre l'Angleterre où leurs communautés et leurs familles peuvent les accueillir.
À l'image de Sarkozy annonçant en décembre 2002, après la fermeture du camp de Sangatte géré par la Croix Rouge : « Le problème est réglé », Eric Besson veut lui aussi vanter son efficacité : une efficacité qui met les migrants dans des situations encore plus dramatiques. Pour eux, rien n'a été prévu, aucune mesure humaine, aucune solution pérenne ou même provisoire, au contraire. Des centaines de réfugiés ont fui vers d'autres bois ou d'autres squats le long de la côte calaisienne. La démonstration spectaculaire de Besson a, en fait, aggravé leurs situations de détresse.
Pour les 278 réfugiés arrêtés, trois options ont été prévues : l'asile, l'aide au retour ou l'expulsion forcée. L'asile provisoire concerne les mineurs sans parents. Pour les adultes demandeurs d'asile en France, ils continueront à être traités au compte-gouttes. Sur 170 demandes déposées depuis avril, seulement cinquante auraient abouti à des titres de séjour provisoires...
Concernant les aides au retour pour les volontaires qui les accepteraient, elles ne peuvent concerner la plupart de ces migrants qui, pour fuir la mort, ont parcouru des milliers de kilomètres et payé des milliers d'euros.
Reste l'expulsion forcée. Eric Besson s'en occupe sérieusement. Comme le renvoi des immigrants vers les pays en guerre va à l'encontre des traités internationaux sur les droits de l'homme et des réfugiés, Eric Besson vient de proposer à ses homologues européens que les ministres de l'Intérieur engagent sans tarder des négociations avec la Libye et la Turquie afin de conclure des accords de réadmission des émigrants passés par leurs pays pour gagner l'Europe. Des charters d'Afghans et d'Irakiens pour l'enfer des camps du désert libyen !
À Amnesty International France qui dénonce ces nouvelles mesures prônées par la France, Eric Besson répond dans le journal Métro : « La France n'a pas de leçon à recevoir et n'a pas à rougir. Nous sommes le pays le plus généreux au monde en matière d'asile ». Le gouvernement vient encore d'en faire la démonstration à Calais, ce 22 septembre 2009 !