- Accueil
- Lutte ouvrière n°2147
- Génocide au Rwanda : Les responsables français se dédouanent toujours
Dans le monde
Génocide au Rwanda : Les responsables français se dédouanent toujours
Un nouveau document du tribunal pénal international pour le Rwanda, le TPIR, mis en place en 1997 pour juger les auteurs des massacres de Tutsis commis au Rwanda d'avril à juin 1994, met une fois de plus en lumière la responsabilité de l'impérialisme français dans ce génocide.
Il s'agit des propos recueillis par le TPIR en 1999 auprès de Georges Ruggiu, un ancien animateur de la radio-télévision des Mille collines, RTLM, surnommée la radio de la haine car elle appelait ouvertement à massacrer les Tutsis. Cet homme, seul non-Rwandais à avoir été inculpé par le TPIR, condamné à 12 ans de prison le 1er juin 2000, mais libéré dès le 21 avril 2009, raconte comment des militaires-mercenaires français appuyaient, entraînaient et protégeaient les milices hutus en plein génocide.
Le déclencheur du génocide au Rwanda fut l'attentat du 6 avril 1994 contre l'avion du président du Rwanda, Juvénal Habyarimana, abattu par une roquette au-dessus de la capitale Kigali. Les extrémistes Hutus au pouvoir saisirent ce prétexte pour exterminer les Tutsis accusés d'être responsables de l'attentat, ainsi que les Hutus modérés, faisant près d'un million de victimes. Les représentants de l'impérialisme français, qui soutenaient depuis longtemps déjà la dictature d'Habyarimana, aidèrent les massacreurs, l'armée officielle rwandaise, tout comme les milices hutus. Mais malgré les preuves qui s'accumulent, les dirigeants de l'impérialisme français continuent de nier toute responsabilité dans le génocide
En juillet dernier, Hubert Védrine, qui fut secrétaire général de l'Élysée de 1991 à 1995 et un défenseur de la politique française au Rwanda, avoua dans une interview datant de juillet dernier que des « mercenaires français pourraient être dans le coup de l'attentat » contre le président Habyarimana. Mais il ajouta, pour dédouaner le gouvernement et l'armée français qu' « il y a beaucoup de soldats français perdus en Afrique. Cela ne prouve rien sur la politique des États. (...) Il faut distinguer la France, des Français éventuels ».
Contrairement à ce que cet ancien secrétaire d'État socialiste laisse entendre, les militaires-mercenaires dont parle Georges Ruggiu n'agissaient pas en indépendants. Ainsi l'un d'entre eux, le capitaine Paul Barril, qui prétendit en 1994 posséder les preuves de la responsabilité des Tutsis dans l'attentat contre le président rwandais, avoua, dans une interview accordée aux auteurs d'un documentaire sur le génocide, qu'il avait un statut particulier de gendarme en disponibilité, toujours payé par la Défense. « C'était une mission officielle, explique Barril, ce qu'on appelle de la diplomatie parallèle ou de la diplomatie secrète pour le compte de la France. »
L'armée française intervint également au grand jour, en particulier en juin 1994, en prétendant bien entendu protéger la population, alors que les massacres duraient depuis trois mois. Son intervention visait à tenter de soutenir le régime. Elle permit à la plupart des responsables rwandais du massacre de s'enfuir, beaucoup trouvèrent refuge en France.
Rappelons qu'en 1994, en France, François Mitterrand était président de la République, Édouard Balladur Premier ministre, et Nicolas Sarkozy porte-parole du gouvernement.
Quinze ans plus tard, aucun responsable politique ou militaire français n'a été officiellement accusé.