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- Lutte ouvrière n°2145
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Leur société
Non a la taxe carbone ! Le gouvernement en fait des tonnes, mais les travailleurs ne sont pas dupes
Fillon l'a dit, Sarkozy l'a dit, la taxe carbone verra le jour dès 2010. Là-dessus, ils sont bien d'accord même s'ils se sont disputés sur le montant ou plutôt sur qui a le droit de décider dans ce gouvernement. C'est Sarkozy, bien sûr, qui va trancher sur quelques euros en plus ou quelques euros en moins. Mais ce montant sera très provisoire puisqu'il est entendu que la taxe doit augmenter au cours des années pour être plus « incitative ».
Il s'agit de taxer ceux qui roulent en voiture, ceux qui se chauffent au gaz ou au fioul. Il a même été question de taxer ceux qui utilisent l'électricité, alors que la production d'électricité en France se fait presque complètement sans émission de CO2 ! L'idée a finalement été abandonnée, sans doute car elle mettait trop en évidence l'absurdité de cette taxe, destinée à montrer que le gouvernement se préoccupe d'écologie mais sans effet, autre que d'annonce, sur le réchauffement climatique.
Pour faire passer la pilule, le gouvernement prétend que ce n'est ni un impôt, ni une taxe. D'ailleurs son nom, c'est « contribution climat-énergie », mais cette « contribution » n'a rien de volontaire !
Le ministre du Budget, Éric Woerth, l'affirme : « Il ne s'agit pas d'instituer un nouvel impôt. Nous créons une contribution verte mais pour les contribuables et pour l'État, l'opération sera blanche. Cette contribution sera reversée intégralement aux Français, comme l'a dit le Premier ministre. Je le répète : l'État ne cherche pas, avec cette contribution, à gagner de l'argent et il n'en gagnera pas. »
L'État ne remplira peut-être pas ses caisses. Voire... : la vignette auto, prétendument destinée à donner un revenu minimum à tous ceux de plus de 65 ans, a pu atterrir dans les caisses de l'État pendant 45 ans, sans que les vieux en aient vu la couleur. Il est même question que la taxe carbone soit en partie utilisée pour compenser la suppression de la taxe professionnelle.
Mais, même si l'État ne la détourne pas pour faire de nouveaux cadeaux au patronat ou pour tenter de combler un peu son déficit, cette taxe sera bel et bien un nouvel impôt qui pèsera sur la population laborieuse. C'est un tour de passe-passe de dire qu'elle sera « intégralement reversée aux contribuables », car il s'agit des contribuables pris en bloc, mais il est bien évident que chaque contribuable ne recevra pas l'équivalent de ce qu'il aura payé en taxe carbone. Ceux qui paieront le plus sont ceux qui n'ont pas d'autre choix. Taxer et taxer encore ceux qui n'ont que leur voiture pour se déplacer ne créera pas les transports en commun qui font défaut. Taxer ceux qui se chauffent au gaz ne les incitera pas à changer de système de chauffage s'ils n'ont pas les moyens de se lancer dans des travaux coûteux. Ce sont les plus aisés que le produit de cette taxe pourra peut-être aider à transformer leur habitation, à isoler leur logement, à installer des panneaux solaires, bref ce que les gouvernants appellent « changer leurs comportements », comme s'il s'agissait de cela, et à payer une taxe un peu moins lourde.
C'est dire que, sous le prétexte grossier d'oeuvrer pour la sauvegarde de la planète, le gouvernement lance une nouvelle attaque contre les milieux populaires. D'ailleurs ceux-ci ne sont nullement dupes des discours gouvernementaux : selon les sondages, entre les deux tiers et les trois quarts des personnes interrogées sont opposées à cette nouvelle taxe. Elles considèrent à juste titre ladite « contribution » comme un nouvel impôt particulièrement injuste.
Le gouvernement méprise les milieux populaires au point de leur servir des contes à dormir debout. Mais ses mensonges ne passent pas.