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Leur société
Trois mois après le RSA, on est loin du compte
Le revenu de solidarité active (RSA) est entré en vigueur au 1er juin... du moins à en croire son créateur Martin Hirsch, haut-commissaire aux Solidarités actives et une des « vedettes » de la politique d'ouverture de Sarkozy.
Pour les chômeurs qui touchaient le RMI ou ceux qui touchaient l'allocation de parent isolé - 1,1 million de personnes - effectivement le sigle a changé au 1er juin, mais ils n'ont pas touché un centime d'euro de plus. Un célibataire érémiste devait toujours se contenter de 450 euros et un parent élevant son enfant seul de 755 euros.
Mais Martin Hirsch prétendait que le RSA allait changer beaucoup pour les quelque deux millions de travailleurs pauvres qui ont une activité partielle et des salaires très bas, avec lesquels ils ne peuvent pas vivre sans calculer au centime près dès le début du mois. Ceux-là allaient toucher un complément de revenu. Ce n'était pas le Pérou puisqu'avec le RSA un travailleur seul pouvait espérer toucher 1 050 euros par mois, un couple 1 500 et un couple avec deux enfants 1 850 euros.
Ces quelques dizaines ou centaines d'euros auraient été sûrement les bienvenus mais c'était oublier qu'il y a toujours loin des promesses d'un ministre, ou d'un haut-commissaire en l'occurrence, à la réalité. En effet, la Caisse nationale d'allocations familiales, qui verse ce complément, donne le chiffre de 195 000 travailleurs qui en ont bénéficié à la fin août, soit moins d'un sur dix, trois mois après la mise en place officielle du RSA.
Le haut-commissariat conteste ces chiffres et parle de 286 000 bénéficiaires et de 815 000 dossiers déposés fin août. Et il se félicite du résultat obtenu au bout de trois mois alors qu'il s'agit d'un dispositif nouveau. D'après ces experts, l'objectif réaliste était de toucher la moitié des deux millions de bénéficiaires potentiels dans les six mois. Quant aux autres, soit quand même près d'un million de travailleurs, aucun délai n'était donné pour qu'ils touchent le complément de revenu. On voit ce qu'entendait le gouvernement par l'urgence de mettre en place le RSA.