La Caisse des dépôts, organisme financier dont le dirigeant est nommé en conseil des ministres, a donné son feu vert pour que le réseau de transports en commun qu'il contrôle, Transdev, puisse fusionner avec le groupe Veolia Transport.

Sous différents noms, Transdev gère les transports en commun de nombreuses villes en France et dans le monde avec un parc de 16 000 autocars et autobus, de multiples lignes de tram et de métro. Veolia Transport est un groupe encore plus important, avec près du double de véhicules. Il prend aussi sa part dans le transfert ferroviaire au fur et à mesure que celui-ci s'ouvre au capital privé.

Selon la presse financière, l'intervention de Claude Guéant, secrétaire général de l'Élysée, a donné le coup de pouce nécessaire pour favoriser Veolia, dirigé par un proche de Sarkozy, en écartant un troisième larron lié à la SNCF, Kéolis, qui était également sur les rangs pour une fusion avec Transdev.

Déjà, la concurrence entre les trois groupes n'empêchait pas une entente sur le dos des usagers des transports en commun. Tous les trois avaient été sanctionnés, il y a quatre ans, par le Conseil de la concurrence pour « s'être concertés, entre1996 et1998, au niveau national, en vue de se répartir les marchés des transports publics urbains de voyageurs ». Et d'ailleurs, dans les villes qui laissent leurs transports en commun à la gestion privée, il n'y a souvent qu'un seul des trois groupes qui répond à l'appel d'offres, ce qui laisse supposer une entente tacite pour se répartir le territoire.

Après avoir absorbé Transdev, Veolia pourra sans doute imposer encore plus facilement ses conditions aux villes qui acceptent de lui déléguer la gestion de leurs transports en commun. Cette manne dans le secteur des transports s'ajoute à celle de Veolia Environnement présent dans l'alimentation en eau, l'épuration des eaux usées et le secteur des déchets.

Au total, Veolia concentre donc des moyens considérables. Au lieu d'en être la proie, la collectivité pourrait en bénéficier dès lors que le capital de tels groupes serait exproprié pour mettre leurs moyens humains et techniques réellement au service de la population.