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- Lutte ouvrière n°2138
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Total - Carling (Moselle) : Deux morts et six blessés lors de l'explosion du vapocraqueur
Si les enquêteurs n'ont pas encore démêlé les raisons pour lesquelles le vapocraqueur 1 de l'usine de Carling a explosé mercredi 15 juillet, provoquant la mort de deux jeunes ouvriers et en blessant six autres, l'empressement de la direction à évoquer les intempéries du début de semaine et à jouer sur le registre « tous unis dans le malheur » sont plus que suspects.
Deux jeunes ont perdu la vie en tentant de la gagner. L'un était en situation précaire, comme bien des travailleurs de la plateforme, en contrat d'alternance pour passer son brevet d'opérateur. L'autre victime venait d'être mutée depuis le vapocraqueur 2 fermé il y a peu.
Jusqu'au mois de mai dernier, il y avait en effet deux vapocraqueurs à Carling. Pour des raisons de choix purement financiers, la direction a décidé de fermer le vapo 2 - le plus récent même s'il a été construit en 1974 - pour ne garder que le plus ancien, le vapo 1, construit en 1969. Un vapocraqueur qui ne possédait pas de système d'allumage automatique, contrairement à celui qui a été fermé, comme l'a dénoncé la CGT.
Vendredi 17 juillet, FO affirmait que deux équipes avaient tenté de rallumer le surchauffeur du vapocraqueur, sans succès, avant l'explosion de mercredi. Lors de ce rallumage fatal, en plus des deux opérateurs qui suffisent habituellement à cette manoeuvre, il y avait un chef de poste et un régulateur de maintenance. Pourquoi tant de monde contrairement à l'habitude demande FO ? La direction a fini par avouer, ce mardi 21 dans la presse, qu'il y avait bien eu une série d'incidents au redémarrage du vapocraqueur, sans toujours expliquer l'accumulation de gaz qui a provoqué l'explosion mortelle.
Face à l'émotion provoquée par cet accident dramatique, Estrosi, le ministre de l'Industrie, flanqué de la secrétaire d'État à l'Écologie Chantal Jouanneau, est venu sur le site pour assurer les travailleurs de leur « compassion ». Le PDG de Total est également venu sur place avec un seul discours : celui de l'émotion, pas question de parler d'autre chose. Tous visent à faire oublier que Total mène une politique de profits à tout prix, consacrant toutes les richesses aux actionnaires.
Après un plan de 246 suppressions de postes engagé en 2006 à Carling, un nouveau plan de liquidation de l'emploi vient d'être mis en oeuvre, avec 64 nouvelles suppressions d'emplois. Ainsi entre 2006 et 2013, le nombre d'emplois sur la plateforme devrait passer de 1 700 à 850 salariés, selon les voeux des principaux employeurs du site, Total et Arkema.
Face au PDG Christophe de Marjorie, la CGT a dénoncé cette politique et le stress général qu'elle génère chez les travailleurs. Cela n'a vraiment pas du tout plu au PDG de Total, pas plus qu'à un certain nombre de syndicalistes pour qui seule compte l'unité de tous pour faire redémarrer le vapocraqueur, CFDT et CGC affirmant en choeur que « l'heure n'est pas à la polémique ».
Parmi les travailleurs de l'usine, l'émotion est grande face à la mort de deux camarades. Mais elle se double aussi chez un certain nombre de travailleurs d'une colère contre les vrais responsables de la situation, ceux pour qui - on l'a vu avec la catastrophe d'AZF à Toulouse - la seule chose qui compte, ce sont les profits. Et que cet accident soit le troisième accident mortel qui survienne dans le groupe Total depuis le début de l'année n'est certainement pas le fruit du hasard.