Sommet du G8 à L'Aquila : Du grand cinéma16/07/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/07/une2137.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Sommet du G8 à L'Aquila : Du grand cinéma

« Yes, we camp », pouvait-on lire sur les banderoles confectionnées par les sinistrés de L'Aquila qui, trois mois après le tremblement de terre ayant dévasté la capitale des Abruzzes, n'ont toujours que des tentes pour abri. Berlusconi, le président du Conseil italien, avait choisi d'y transférer le sommet du G8 primitivement prévu en Sardaigne, « en signe de solidarité ». En fait de solidarité, les habitants de L'Aquila ont vécu tout le cinéma fait autour de cette réunion comme une provocation.

Le changement de lieu a coûté 50 millions d'euros supplémentaires. Il fallait au moins cela pour aménager le seul bâtiment public qui soit resté debout, étayer ceux du centre-ville qui menacent de s'écrouler, déblayer les rues, aménager un terrain de basket pour Obama ainsi qu'un parcours de jogging pour Sarkozy, et peindre les trottoirs en vert ! On a pu voir aussi Berlusconi effectuer une visite guidée des ruines en paradant de façon indécente aux côtés des « grands » de ce monde, montrant (sur plans !) comment les normes de construction antisismique sont respectées en Italie. En contrepartie, la plupart y sont allés de leur obole en promettant d'aider à la reconstruction de l'hôpital pour l'un, d'une église pour un autre, ou d'un gymnase et d'une salle de concert. Les meubles achetés pour les hôtes de marque du G8 seront distribués aux victimes du séisme. Encore faudrait-il qu'ils aient un toit !

Quant aux quelque 24 000 sinistrés encore présents à L'Aquila, ils étaient assignés à résidence dans leurs campements en dehors de la ville, loin des officiels. 9 000 policiers avaient été mobilisés sur place pour les maintenir à l'écart et les empêcher de manifester durant le G8. L'inquiétude est grande en ce qui concerne leur avenir. Comment seront-ils logés cet hiver, dans cette région de montagne où les températures peuvent être très basses ? Berlusconi a promis aux sinistrés un toit pour septembre : 1 500 logements préfabriqués devraient être montés en attendant, a-t-il dit, la reconstruction des maisons selon les normes antisismiques. Cela ne fait pas le compte, et l'exemple de victimes de séismes antérieurs, toujours pas relogées des années après, fait craindre que le provisoire ne s'éternise. Il n'est donc pas surprenant que les sinistrés de l'Aquila n'aient aucune confiance dans les promesses de Berlusconi.

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