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- Lutte ouvrière n°2137
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États-Unis : La mort de McNamara - Une carrière au service de l'impérialisme
Le nom de McNamara, mort le 6 juillet dernier, est plutôt oublié aujourd'hui, mais dans les années soixante, en tant que secrétaire à la Défense de Kennedy puis de Johnson, il fut le maître d'oeuvre de l'escalade militaire américaine au Viêt-nam. En 1968, ayant compris que la supériorité matérielle américaine ne viendrait pas à bout de la résistance du peuple vietnamien, il démissionna.
L'ex-va-t-en-guerre allait poursuivre sa carrière à la tête de la Banque mondiale, y bâtissant la légende d'un avocat des pays pauvres, reprise ces jours-ci dans ses nécrologies. En fait, la carrière de McNamara, du Viêt-nam à la Banque mondiale, fut en continuité au service des intérêts de la bourgeoisie américaine.
Robert McNamara participa, au lendemain de la guerre, à l'occupation américaine du Japon aux côtés de Curt LeMay, le général qui avait planifié les raids incendiaires sur Tokyo à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Revenu à la vie civile, McNamara gravit les échelons de la société Ford pour devenir son PDG en 1960. Un an après, le président Kennedy lui proposait de devenir son secrétaire à la Défense.
Lors de la crise des fusées en 1962, il retrouva Curt LeMay, devenu chef de l'Air Command Service et partisan de l'entrée en guerre contre l'URSS. Kennedy assassiné, McNamara conserva son poste sous la présidence Johnson et fut l'artisan de l'escalade militaire qui devait buter sur l'offensive du Têt en 1968. Féru de statistiques, il calcula lui-même que sa politique avait coûté la vie à 3,4 millions de Vietnamiens.
Après sa démission du secrétariat de la Défense, il resta treize ans à la tête de la Banque mondiale. Hier, il disait combattre le communisme, maintenant il prétendait lutter contre la pauvreté.
Les prêts de la Banque mondiale dits « au développement » furent multipliés par six sous sa direction ; des prêts que les pays devaient bien sûr rembourser avec les intérêts. Parmi les bénéficiaires, il y eut les dictateurs du Brésil, du Chili, de l'Argentine, de l'Uruguay, des Philippines, de l'Indonésie et même la Roumanie de Ceaucescu.
La « modernisation », dont il se fit l'apôtre, signifia pour des millions de paysans la perte de leurs terres au profit des trusts de l'agro-alimentaire, notamment par le truchement de la « révolution verte » qui s'appuyait sur des technologies très profitables mais inaccessibles aux paysans pauvres.
Pendant toute sa carrière, McNamara devait servir avec zèle la politique dominatrice des États-Unis et des grands groupes industriels qu'ils entendaient privilégier.