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Dans les entreprises
Châtellerault (Vienne) : Les ouvriers de Fabris en lutte
Depuis le mardi 16 juin, l'entreprise de sous-traitance automobile Fabris est placée en liquidation judiciaire avec cessation d'activité. 366 travailleurs se retrouvent ainsi à la rue.
Fabris avait été racheté par des groupes privés à capitaux italiens (Euralcom en 2001 puis Zen en 2007), avec à chaque fois des suppressions d'emplois. Puis les deux principaux donneurs d'ordre, Renault et PSA, ont mis fin à leurs commandes.
Les derniers propriétaires de l'usine ont, pour leur part, joué un jeu trouble faisant des promesses jamais honorées de regain d'activité, en touchant au passage des aides publiques notamment via l'exonération de la taxe professionnelle. Ces mêmes patrons possédaient la fonderie SBFM, près de Lorient, placée en redressement judiciaire depuis novembre 2008 et tout juste réintégrée dans le groupe Renault - son ancien propriétaire - grâce à la lutte des ouvriers.
L'incertitude quant à leur avenir n'a pas empêché les travailleurs de Fabris de faire parler d'eux en manifestant, en interpellant des élus, notamment le député-maire de droite, Jean-Pierre Abelin, en se déplaçant à Paris, au ministère des Finances, et à Lyon au tribunal de commerce. Ils rappelaient à juste titre que Renault et PSA, pourtant largement bénéficiaires, ont perçu six milliards d'euros de prêts de l'État pour faire face à la crise économique. La contrepartie demandée alors aux constructeurs par le gouvernement était de « tout faire pour éviter les licenciements » mais cela ne les a pas empêchés de mettre le couteau sous la gorge aux entreprises sous-traitantes, comme chez Fabris avec le retrait brutal des commandes.
L'usine est occupée depuis plusieurs semaines par les ouvriers qui contrôlent le stock de 50 000 pièces usinées et les machines-outils. Ils comptent bien s'en servir comme monnaie d'échange dans leurs négociations. Ils s'adressent directement à Renault et PSA pour que les actionnaires de ces groupes assument les conséquences de leurs choix et accordent une indemnité de départ de 30 000 euros par travailleur.
Sous la pression des ouvriers, les politiciens locaux se sont sentis obligés de prendre position. Jean-Pierre Abelin a écrit à PSA pour rappeler les liens qui « unissent les deux entreprises ». Le 9 juin dernier, il évoquait la possibilité de créer 150 emplois mais depuis, plus rien. Ségolène Royal, la présidente PS du Conseil régional, qui en 2007 avait soutenu la reprise de l'entreprise par le groupe Zen, parle aujourd'hui de « scandale » et qualifie les patrons de « voyous » ajoutant : « Il faut les faire payer ! ». Mais elle ne s'engage sur rien et se contente de promesses de courriers et d'appels téléphoniques. Ces prises de position ne risquent pas d'impressionner des patrons qui ne sont responsables... que devant les actionnaires qui les emploient.
Face au silence de Renault et PSA, à la complicité des responsables politiques qui se refusent à prendre des mesures autoritaires à l'encontre des actionnaires de ces groupes capitalistes, la tension monte à l'usine, des pièces et des machines ont été brûlées. Les travailleurs en ont assez de se faire balader par les uns et par les autres et sont exaspérés par le mépris affiché par les constructeurs automobiles. Et ce n'est pas le tout nouveau commissaire à la réindustrialisation de la région Poitou-Charentes, fraîchement nommé par Sarkozy, qui apportera des solutions.
Les responsables de cette situation sont à chercher d'une part chez les politiciens qui, par leur inaction, montrent qu'ils se situent résolument du côté des patrons et, d'autre part et principalement, chez les actionnaires de PSA et Renault qui ont largement les moyens de financer les exigences légitimes des ouvriers. Entre 2001 et 2008, ce dernier constructeur, pour ne citer que lui, a fait presque 18 milliards d'euros de profits ! C'est à eux de payer !
Correspondant LO
Tous concernés
Plusieurs dizaines d'ouvriers de New-Fabris ont bloqué mardi 7 juillet le principal carrefour routier à proximité de l'entrée du Pôle tertiaire, siège de la direction de l'usine Peugeot à Poissy dans les Yvelines.
Ils se sont ensuite rendus à l'entrée de l'usine où les CRS leur faisaient face. Ce qui a eu pour conséquence de bloquer l'entrée aux manifestants mais aussi aux ouvriers de l'équipe du soir des Presses de Peugeot, pour qui rien ne pressait.