Technocentre Renault - Guyancourt (Yvelines) Enquête Technologia : Beaucoup de bruit pour un écran de fumée27/06/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/06/une2134.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Technocentre Renault - Guyancourt (Yvelines) Enquête Technologia : Beaucoup de bruit pour un écran de fumée

Il y a actuellement au Technocentre Renault de Guyancourt 10 900 travailleurs, dont plus de 1 000 prestataires, qui conçoivent et développent les nouveaux projets de véhicules. Fin décembre 2008, la direction de Renault avait renvoyé 2 500 prestataires des bureaux d'études de la région parisienne, dont plus de mille qui travaillaient sur le site de Guyancourt, afin d'augmenter ce qu'elle appelle son « cash flow », c'est-à-dire sa trésorerie. En outre plus de 4 400 travailleurs de Renault ont récemment quitté l'entreprise dans le cadre du Plan Renault Volontariat, dont 959 du Technocentre.

Autant dire qu'avec près de 2 000 personnes en moins à Guyancourt en quelques mois, la charge de travail de chacun n'a pas diminué, d'autant que l'activité du Technocentre n'est pas en baisse, car la mise au point d'un véhicule avant son lancement en production prend plusieurs années. La direction a donc repris des intérimaires, qui ont des contrats jusqu'à la fin du mois d'août. Des collègues prestataires vont à nouveau travailler pour Renault mais à distance, sans venir au Technocentre comme auparavant. Mais dans le même temps la direction a programmé, depuis des mois, des journées de chômage partiel au cours du deuxième semestre. C'est dire que, question organisation du travail, l'absurdité ne chôme pas !

En juin, la direction a lancé une nouvelle enquête, confiée au cabinet Technologia, sur la prévention des risques psychosociaux sur tous les sites de l'ingénierie de la région parisienne. La précédente enquête avait eu lieu en 2007 au Technocentre, suite aux suicides de plusieurs collègues de travail. La direction communique beaucoup à propos de cette enquête, en faisant croire qu'elle se préoccupe de la santé des travailleurs. Elle a ainsi créé une commission, mal nommée « bien-être au travail ». Il faut rappeler qu'en 2008, l'inspection du travail avait envoyé à Renault un avertissement au sujet du « harcèlement moral institutionnel » qu'elle avait relevé. Mais en janvier 2009, le parquet de Versailles a prononcé un classement sans suite dans l'affaire concernant les trois suicides, au prétexte que « l'infraction de harcèlement moral n'était pas suffisamment caractérisée ».

Et qu'a fait la direction depuis ce temps-là pour améliorer concrètement la situation ? Pas grand-chose : elle a installé des rehausses sur les passerelles, elle a donné les coordonnées d'un cabinet de psychologues en cas de stress, et organisé des « journées de l'équipe ». À côté de cela les pressions sur les collègues continuent, les objectifs « mission impossible » sont inscrits sur les entretiens annuels individuels, il arrive que des réunions durent de neuf à dix heures, et certains directeurs ont des comportements méprisants, allant jusqu'à insulter les salariés en réunion.

Alors prendre la température tous les deux ans avec une enquête, ça ne soigne pas. Pour assurer la prévention des risques au travail, il va falloir, tous ensemble, imposer à la direction un changement radical.

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