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Dans les entreprises
Suppressions d'emplois : Mauvais coups en cascade
Sans parler des dirigeants de PME qui suppriment fréquemment des emplois, arguant de la baisse de leur activité de sous-traitance, et sans même faire les titres des journaux, de grands groupes annoncent presque quotidiennement d'importantes réductions d'effectifs.
Tout récemment, Michelin, Osram, Marionnaud et Calida viennent de faire grossir la liste des chômeurs potentiels. Chez le fabricant de pneus, 1 500 emplois seraient supprimés, prétendument au volontariat, un Comité d'entreprise extraordinaire devrait se le voir préciser le 24 juin. Un an et demi après avoir liquidé son usine Kléber de Toul, donc 826 emplois, Michelin s'attaquerait à présent au site de La Roche-sur-Yon où se fabriquent les pneus poids lourds et à celui de Roanne, d'où sortent les pneus haut de gamme, sans préjuger de ce qu'il adviendrait sur d'autres sites ; le groupe pratique déjà les réductions d'effectifs sur ses quinze usines, puisque sur les départs en retraite seul un poste sur deux est remplacé.
Chez Osram, la filiale éclairage de Siemens, 108 employés du site de Molsheim, en Alsace, sont menacés de licenciement, après avoir refusé la baisse de leurs salaires de 12,5 % sur les trois prochaines années. Comme les cadres, qui ont été pressés de renoncer à leurs RTT - et ont refusé -, les employés récalcitrants seraient sacrifiés « pour assurer la compétitivité du site », paraît-il, afin de contourner la loi interdisant aux entreprises de diminuer les salaires sans l'accord des salariés. L'usine, pourtant, tourne à plein régime, mais l'argument du groupe est la fin programmée par l'Union européenne en 2012 des ampoules à incandescence, en particulier celles en verre dépoli, interdites dès le 1er septembre 2009, qui constituent la moitié de ce qui est produit à Molsheim.
Les parfumeries Marionnaud, propriété d'un milliardaire de Hong-Kong, verraient disparaître 650 des 5 000 emplois répartis entre le siège et les 600 magasins de France. Des problèmes de gestion sont évoqués, ne serait-ce que pour rappeler les 450 précédentes suppressions d'emplois de 2006.
C'est aussi le cas d'Aubade, filiale française de Calida, fabricant suisse de lingerie et pyjamas, qui a prévu de supprimer 104 emplois sur 131 sur son site de Saint-Savin, dans la Vienne ; il n'y resterait qu'un centre logistique pour l'Europe.
Les salariés des médias ne sont pas épargnés : TDF, le principal diffuseur d'émissions de télévision en France, prévoit de supprimer près de 550 emplois sur 2 400, tablant sur des départs volontaires ; un préavis de grève a cependant été déposé par les organisations syndicales pour les 22 et 23 juin. De leur côté, des employés de RFI, Radio France International, ont depuis le 12 mai entamé un mouvement contre la suppression annoncée de 206 postes sur 1 000 et la fermeture de plusieurs bureaux de langue.
Dans le reste de l'Europe, le tableau n'est pas plus brillant. Après les 6 400 suppressions d'emplois annoncées par Hewlett Packard, c'est le groupe énergétique allemand E.on qui supprimerait 6 000 postes en Europe et en externaliserait 3 000 autres, dans le cadre de son programme cyniquement nommé « perform-to-win » grâce auquel le marchand d'électricité espère économiser 1,5 milliard d'euros. Il gagne déjà... une manifestation des salariés le 18 juin devant son siège de Düsseldorf. Enfin l'assureur Axa Insurance U.K. annonce en Grande-Bretagne 560 emplois supprimés sur son pôle assurance non-vie, sur un total de 3 500 salariés.
Les capitalistes n'ont, on le constate encore, pas besoin des institutions européennes pour unifier leurs attaques contre les salariés qui ont, de toute évidence, les mêmes ennemis et les mêmes intérêts.