Sarkozy devant l'OIT : Un discours ne coûte rien18/06/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/06/une2133.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sarkozy devant l'OIT : Un discours ne coûte rien

En visite le 15 juin à l'assemblée générale de l'Organisation Internationale du Travail, l'OIT, un organisme dépendant de l'ONU, Sarkozy a posé au défenseur des travailleurs du monde entier et au contempteur du « capitalisme financier devenu fou à force de n'être soumis à aucune règle ». Promettant à ses pairs une « crise politique mondiale » s'ils n'étaient pas capables de faire régner la justice sociale sur la planète, le président français a proposé pour ce faire de renforcer les pouvoirs de l'OIT.

Il souhaite par exemple rendre contraignantes les normes internationales proscrivant le travail forcé, le travail des enfants, l'interdiction de l'action collective des travailleurs, etc.

Les commentateurs n'ont pas manqué de faire remarquer que le chemin risquait d'être long car des pays comme les États-Unis, le Japon, la Chine et l'Inde ne sont pas signataires des normes de l'OIT, la France ne les ayant d'ailleurs elle-même pas toutes signées. En revanche très peu ont relevé que les multinationales, au premier rang desquelles les groupes français, sont les principales bénéficiaires des formes d'exploitation que l'OIT dénonce. Total n'a-t-il pas été impliqué dans une affaire de travail forcé en Birmanie ? Les groupes agro-alimentaires français ne possèdent-ils pas des plantations où les contremaîtres sont armés et les ouvriers affamés ? Les hypermarchés français ne commercialisent-ils pas des marchandises fabriquées par des enfants ou des ouvriers enfermés dans leurs ateliers ? Les industriels français ne sont-ils pas ravitaillés en matières premières tirées de mines qui explosent, de carrières qui s'effondrent, extraites par des ouvriers qui se tuent littéralement au travail ? Et Sarkozy n'est-il pas l'obligé et le serviteur fidèle de ces groupes capitalistes, dont d'ailleurs il n'a soufflé mot dans son discours ?

Et puis c'est bien pour servir les intérêts de ces mêmes groupes capitalistes que, en France, Sarkozy et ses pareils n'ont de cesse de détruire toutes les lois qui protègent un peu les travailleurs. La misère que Sarkozy dénonce depuis Genève et qu'il désigne dans les pays lointains, sa politique au service exclusif du grand patronat est en train de la faire refleurir ici même.

La veille du jour où fut prononcé ce discours, le gouvernement français reparlait de reculer l'âge de la retraite. Le lendemain, le président assistait aux obsèques du dictateur Bongo, l'homme qui veillait à ce que Total et les autres multinationales puissent piller l'Afrique de l'Ouest et exploiter ses travailleurs en toute tranquillité. L'emploi du temps de Sarkozy exprime mieux sa politique que tous ses discours.

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