Immigration : Des accords démagogiques et criminels10/06/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/06/une2132.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Immigration : Des accords démagogiques et criminels

L'Assemblée nationale a examiné le 14 mai quatre projets de loi concernant des accords relatifs « à la gestion concertée des flux migratoires et au codéveloppement » entre la France et la Tunisie, la République du Congo (Congo-Brazzaville), le Bénin et le Sénégal. Ces accords, favorables à la France, s'inscrivent dans « le programme d'immigration concertée » voulu par Sarkozy. Ils visent à renforcer l'arsenal législatif et répressif pour mieux contrôler l'immigration tout en y associant les États des pays dont sont originaires les travailleurs immigrés.

Ce n'est pas la première fois que le gouvernement français signe de tels accords avec des pays d'émigration. Le Gabon a été l'un des premiers pays signataires. D'autres pays ont déjà signé, mais les accords n'ont pas encore été examinés par le Parlement français. Enfin, certains accords sont en cours de négociation, notamment avec le Mali. Il s'agit pour le gouvernement Fillon-Sarkozy de sélectionner un peu plus encore les immigrés acceptés par la France et de restreindre leurs droits. Mais il s'agit aussi d'expulser plus facilement les sans-papiers tout en associant à cette politique les États des pays dont ils sont originaires. Certains de ces accords remettent en cause le droit des migrants et le droit d'asile. Ils permettent à la France de renvoyer des immigrés irréguliers vers des pays qu'ils ne connaissent pas pour n'y avoir jamais vécu ou n'y avoir vécu que dans leur prime enfance, voire même vers des pays où ils risquent leur vie.

Le gouvernement français entend multiplier ces accords et en signer sept par an d'ici 2011. Pour l'instant, il en a signé avec des pays dont les ressortissants sont peu nombreux en France, sauf la Tunisie. Mais en Afrique subsaharienne il aimerait signer avec le Mali, pays fournisseur d'une importante main-d'oeuvre, et l'associer à sa politique répressive d'expulsion des travailleurs maliens sans papiers. Or, bien que les pressions soient fortes, le gouvernement malien refuse de signer. Il veut bien jouer le rôle de gendarme au service de l'Europe, mais il doit compter avec sa propre opinion publique, hostile à toute idée de contrôle de l'immigration. De plus, une restriction de l'émigration malienne, cela signifierait un manque à gagner important pour le pays : chaque année, les 110 000 Maliens installés en France, avec ou sans papiers, envoient au pays plus de 180 millions d'euros. C'est bien plus que l'aide annuelle accordée par la France au Mali ! Cet argent fait vivre des milliers de villages et des centaines de milliers de personnes. Enfin, le volet « développement solidaire » de ces accords est une vaste escroquerie, car l'aide de la France est subordonnée au contrôle de l'émigration, c'est-à-dire à la capacité de ces États de contrôler leur propre peuple !

Les accords proposés par la France sont de la même veine que ceux signés par l'Italie avec la Libye, ou par l'Espagne avec les pays de l'Afrique subsaharienne. Ils découlent de la même politique restrictive et répressive de l'immigration qui se met en place à l'échelle européenne depuis plusieurs années. Mais ce n'est pas en transformant l'Europe en forteresse assiégée que l'on empêchera des centaines de milliers d'hommes et de femmes fuyant la faim et la misère, la guerre et la dictature, de partir à la recherche d'une vie meilleure, ou moins pire, ailleurs.

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