- Accueil
- Lutte ouvrière n°2132
- Crash du Rio-Paris : Des économies dangereuses
Leur société
Crash du Rio-Paris : Des économies dangereuses
Je travaille dans l'aviation civile et je souhaite apporter aux lecteurs de Lutte Ouvrière mon témoignage concernant l'accident de l'A330 d'Air France.
La réglementation internationale impose aux compagnies aériennes de toujours emporter des réserves de carburant en plus du kérosène prévu pour le vol, cela afin de permettre aux appareils de se dérouter en cas de problème.
Pour qu'un type d'avion soit autorisé sur une ligne il faut, au cours de son trajet normal, qu'il n'entame pas ses réserves. Or, dans le cas de la ligne Rio-Paris, l'A330 arrive sur la réserve lorsqu'il survole Bordeaux. Air France a obtenu une dérogation des autorités de l'aviation civile pour que l'A330 poursuive son vol jusqu'à Paris. Mais il faut cependant que les réserves n'aient pas été entamées durant la première partie du vol Rio-Bordeaux, sinon l'appareil est contraint de se poser à Bordeaux pour refaire le plein, ce qui entraîne retards, problèmes de correspondances, et coûte de l'argent à la compagnie.
Une forte pression s'exerce donc sur les pilotes pour qu'ils économisent au maximum le carburant, ce qui les oblige parfois à voler au plus court, quitte à prendre des risques en choisissant de ne pas contourner les formations nuageuses dangereuses.
Sur cette ligne, Air France pourrait mettre d'autres appareils comme l'A340 ou le Boeing 747, qui ont un rayon d'action plus grand que l'A330. Mais leur coût d'exploitation est plus élevé.
Il faudra sans doute attendre encore longtemps pour avoir une explication officielle convaincante de la catastrophe du Rio-Paris. Cependant, le silence d'Air France et des autorités de l'aviation civile concernant la situation décrite précédemment - et pourtant largement connue dans les milieux de l'aéronautique - témoigne de leur embarras. Il est toujours difficile pour eux de dire que la rentabilité et la course au profit ne font pas bon ménage avec la sécurité des personnes.