Horaires de travail : Un système fou03/06/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/06/une2131.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Horaires de travail : Un système fou

La Direction des études des ministères du Travail et de l'Emploi (Dares) vient de publier les résultats d'une enquête sur les conditions de travail réalisée en 2005. Cette étude révèle que seuls 37 % des salariés ont des horaires « normaux », c'est-à-dire qu'ils ne commencent pas trop tôt le matin, reviennent chez eux en fin d'après-midi et se reposent le week-end. Tout le reste, travail de nuit ou du week-end, travail à temps partiel, horaires imprévisibles ou décalés, semaines irrégulières, tout cela est « atypique », en réalité « anormal », mais c'est maintenant le lot de près de deux travailleurs sur trois.

Le rapport classe les salariés en plusieurs catégories, selon que les contraintes d'horaires atypiques sont habituelles (19 %), ¬occa¬sionnelles (10 %),variables en cours d'année, ou résultent d'un travail à temps partiel. Mais la constante est que ces horaires anormaux se cumulent avec une pénibilité physique plus grande, des risques plus fréquents de blessures ou d'accidents, et même d'agressions verbales ou physiques dans certains métiers en contact avec le public. Les cadres, eux, sont moins exposés à ce type de risques, mais ils cumulent les dépassements d'horaires, la contrainte des objectifs à atteindre et le travail à la maison.

On sait depuis longtemps que le travail posté, les horaires de nuit augmentent les risques d'accidents mais aussi de pathologies digestives, d'altération du rythme du sommeil, de troubles nerveux et cardiovasculaires et même, depuis une étude parue en 2006, les risques de cancer. On connaît aussi les dégâts que causent ces horaires dans la vie familiale et sociale de nombreux travailleurs.

Mais ce que ce rapport de la Dares met en évidence, c'est l'augmentation du nombre de salariés concernés par ces conditions de travail aberrantes, et en particulier du nombre de femmes.

En vingt ans, la proportion de travailleuses en équipes alternantes est passée de 11 % à 19 %. Dans les années quatre-vingt-dix, la proportion de salariés travaillant la nuit s'est accrue, passant de 13 % en 1991 à 15 % en 2005, mais parmi ces travailleurs de nuit la proportion d'ouvrières est passée de 2 % à 8 %. La loi autorisant le travail de nuit des femmes, au nom de « l'égalité des sexes », n'y est sans doute pas pour rien. Dans le même laps de temps, le nombre de salariés travaillant régulièrement le dimanche a considérablement augmenté, passant de 5 % à 12 %.

On peut comprendre la nécessité d'assurer des horaires « atypiques » dans la santé, ou dans certains services qui nécessitent un contrôle ou une surveillance permanents, à condition d'offrir des conditions de travail correctes et des compensations en temps de repos. Mais il est aberrant de les imposer dans des usines pour rentabiliser les machines. C'est pourtant cette aberration dictée par le profit qui s'est généralisée dans les années quatre-vingt-dix et deux mille... jusqu'à l'aggravation de la crise, qui cumule à la fois la mise en inactivité forcée de centaines de milliers de travailleurs et l'aggravation des horaires et de la charge de travail pour ceux qui ont encore un emploi. Une démonstration sans faille du gaspillage d'énergie humaine qu'en¬traîne le système capitaliste.

Partager