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- Lutte ouvrière n°2129
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Sri-Lanka : L'armée a écrasé les séparatistes, mais la question tamoule reste posée !
L'armée sri-lankaise a écrasé définitivement le réduit tamoul. Depuis, le régime de Colombo claironne sa victoire, énumère les dirigeants du mouvement séparatiste, les Tigres de l'Eelam Tamoul, abattus par l'armée parmi lesquels, semble-t-il, le fondateur du mouvement, Velupillaï Prabhakaran.
Dans l'immédiat, cette victoire militaire met un terme aux activités d'un mouvement nationaliste né il y a 37 ans et entré dans la lutte armée en 1983. En revanche, en ce qui concerne le sort de la minorité tamoule, rien n'est réglé. Et si rien n'est fait en sa direction, les mêmes causes ayant les mêmes effets, le mouvement séparatiste pourrait renaître.
Car les Tigres tamouls, que le régime de Colombo jubile d'avoir défaits militairement, étaient nés sur la base de la discrimination contre les Tamouls, entretenue par la majorité cinghalaise après le départ du colonisateur britannique.
Face au massacre perpétré par le régime de Colombo dans le réduit tamoul, les grandes puissances ont laissé le gouvernement sri-lankais agir à sa guise, le laissant éliminer non seulement les militants séparatistes mais également la population civile qui s'y trouvait. Selon des organisations non gouvernementales, quelque soixante civils auraient ainsi trouvé la mort chaque jour depuis début 2009.
La bataille finie, voici venu le temps des hypocrisies diplomatiques. On annonce la venue probable du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, qui ne manquera pas d'expliquer aux dirigeants sri-lankais qu'ils doivent prendre en compte le sort des civils tamouls, et notamment des 260 000 réfugiés qui ont fui la zone de combat et s'entassent maintenant dans des camps sans hygiène et sans moyens.
Tandis qu'une campagne de presse suggère que les Tigres tamouls ont eux aussi commis des atrocités (ce qui est bien possible), afin d'atténuer les responsabilités de Colombo, l'Union européenne demande une enquête « indépendante » sur les crimes de guerre qui ont pu se dérouler pendant ce conflit « dans les deux camps ».
Les États-Unis et l'Union européenne appellent maintenant le régime de Colombo à tendre la main aux Tamouls, mais Kouchner fait entendre sa différence. Pour lui, « la France a fait le maximum » pour protéger les civils tamouls du conflit militaire, précisant : « Nous avons rencontré les organisations internationales, nous avons été au Conseil de sécurité », qui a fait une « déclaration ». La belle affaire !
Non content d'être ridicule, le ministre français des Affaires étrangères a aussi lancé que les Tigres tamouls avaient une « politique d'extermination ». Mais que dire alors de la campagne militaire du régime sri-lankais, qui a frappé indistinctement combattants séparatistes et civils tamouls ?
Le président sri-lankais Mahinda Rajapaksa - un « homme de gauche », lui aussi - parle maintenant de réconciliation des deux communautés. Il invite les Tamouls de l'étranger à rentrer au pays, eux qui ont dénoncé dans de nombreuses capitales du monde le massacre perpétré contre leurs frères restés au pays. Il précise cependant qu'« il y a deux communautés, l'une qui aime ce pays, l'autre qui ne l'aime pas ». Ce qui n'augure rien de bon quant à la façon dont il considérera les Tamouls !