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Société générale : Un nouveau trou de 5 à 10 milliards
Cinq ou dix milliards, comme le prétend Libération, seulement 1,2 milliard comme l'affirme la banque : on ne connaît pas encore la profondeur du nouveau trou qui vient d'apparaître dans les comptes de la Société Générale. Ce nouveau fiasco dans la gestion d'une des plus grandes banques européennes est dévoilé dix-huit mois après l'affaire Kerviel, du nom du trader accusé d'avoir été responsable de la perte de cinq milliards d'euros pour la Société Générale.
Cette fois, c'est tout un secteur de la filiale de gestion de la banque, la SGAM - Société Générale Asset Management -, qui aurait, sans aucun contrôle de sa direction, multiplié les investissements spéculatifs. En deux ans, de 2005 à 2007, les actifs de la SGAM dans ces produits dits « toxiques » seraient passés de 6 à 50 milliards d'euros !
La banque doit payer la note, mais les hauts dirigeants de la Société Générale ne jouent pas pour autant la transparence. Ils essaient d'évacuer purement et simplement le problème en démantelant la SGAM, en en vendant une partie à une banque concurrente, le Crédit Agricole. Dans cette fusion-démantèlement, des centaines de salariés de la SGAM, qui en compte 3 000 au total dont 700 en France, pourraient être licenciés.
Pendant ce temps, la Société Générale touchera, d'ici le mois d'août 2009, 1,7 milliard d'euros d'aides de l'État, après en avoir touché autant fin 2008 dans le cadre du plan gouvernemental de soutien aux banques. Elle a annoncé des bénéfices conséquents malgré l'affaire Kerviel, 900 millions d'euros en 2007 et deux milliards en 2008. Quant à ses cadres dirigeants, ils ont défrayé la chronique des parachutes dorés et autres stock-options, quatre d'entre eux, dont Bouton, le président, ayant avec une réticence marquée renoncé aux 320 000 stock-options que le conseil d'administration leur avait accordées en mars 2009. Ils faisaient ainsi semblant de se plier aux exigences du gouvernement qui fermait pendant ce temps les yeux sur tous les autres bonus, stock-options et autres parachutes dorés que le système capitaliste a inventés pour ses serviteurs méritants, même si les résultats ne sont pas à la hauteur.
À l'époque de l'affaire Kerviel, Sarkozy avait dit : « Je n'ai rien contre Daniel Bouton. Mais quand le président d'une entreprise connaît un sinistre de cette ampleur et qu'il n'en tire pas les conclusions, ce n'est pas normal. » C'était en 2007. Bouton est resté président jusqu'au 28 avril de cette année. On se demande ce que Sarkozy va dire aujourd'hui à son successeur.