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- Lutte ouvrière n°2126
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Leur société
Non-emploi : 3 000 chômeurs de plus chaque jour !
Il y a vraiment des coups de pied aux... statistiques qui se perdent. Les chiffres du chômage pour le mois de mars, annoncés par la ministre de l'Économie, ne sont « pas bons », mais pour autant « pas catastrophiques » d'après elle. Environ trois mille chômeurs de plus chaque jour, c'est la routine, en quelque sorte...
Ce qui motive cette quasi-satisfaction de Lagarde, c'est qu'après les 90 000 chômeurs supplémentaires de janvier et les 80 000 de février, on dénombre « seulement » 63 400 inscrits de plus au Pôle emploi en mars, rien que pour la catégorie A. En trois mois, depuis le début de l'année, plus de 240 000 personnes, l'équivalent d'une ville comme Montpellier, s'ajoutent à la cohorte des sans-emploi, qui sont fin mars plus de 2,6 millions, en tenant compte des départements d'outre-mer.
Mais ce nombre, en catégorie A, totalement privée d'emploi, devient 3,7 millions si l'on ajoute les catégories B et C qui ont travaillé quelques heures dans le mois, et même 3,9 millions avec les catégories D et E, demandeurs d'emploi en stage, en formation ou en contrat aidé. Si l'on ajoute encore les sans-emploi non inscrits, comme de nombreux érémistes, le nombre de chômeurs peut approcher les cinq millions.
Les nouveaux chômeurs sont des travailleurs qui ont vu mettre fin à leur CDD - contrat à durée déterminée - ou à leur mission d'intérim, mais aussi, pour une part grandissante, des travailleurs en CDI - contrat à durée indéterminée - qui ont été licenciés. Parmi eux, les jeunes chômeurs de moins de 25 ans sont particulièrement touchés puisque leur nombre a augmenté de 35 % en un an !
Au rythme où s'enchaînent les annonces de plans de suppressions d'emplois, dans les grands groupes comme chez les sous-traitants, le demi-million ou le million de chômeurs supplémentaires pourrait être atteint avant la fin de l'année, d'autant plus que l'État n'est pas en reste avec ses dizaines de milliers de suppressions d'emplois engagées dans les services publics, notamment les hôpitaux et l'éducation.
Affectant le « parler vrai », des experts autoproclamés et des ministres comme Fillon ou Lagarde prédisent, ordinateur ou boule de cristal à l'appui, « des chiffres mauvais pendant un certain temps » et des « conséquences en termes d'emploi », avant de pouvoir parler, « d'une embellie du chômage ». Ces gens-là, et plus encore les capitalistes qui profitent du contexte de la crise pour se reconstituer de la trésorerie en comprimant la masse salariale, à la grande satisfaction des actionnaires dont les dividendes continuent de s'arrondir, ne sont peut-être pas loin de récolter, de plus en plus fréquemment, la colère qu'ils auront semée.