Mardi 28 avril, les agents de ERDF (filiale d'EDF) seront rentrés dans leur quatrième semaine de grève (tournante) contre le projet de la direction de supprimer l'activité dépannage.

Ce projet conduirait à de nombreuses suppressions d'emplois, car certains centres d'exploitation regroupant déjà peu d'agents n'existent que pour cette activité. De plus, il ferait disparaître les astreintes et diminuerait d'autant le salaire réel des agents. Pour finir, il se traduirait par une remise en question de la qualité des interventions auprès des usagers, puisque les sous-traitants travaillent avec moins de personnel et moins de moyens.

Les agents sentent que ce projet n'est qu'une conséquence des effets de la privatisation rampante. Les branchements neufs sont déjà externalisés et à terme ils voient bien que le projet est de réduire l'activité de ERDF à de la simple gestion, le travail de terrain étant totalement sous-traité.

Depuis le 31 mars, les travailleurs ont décidé de mettre en place un piquet de grève jour et nuit sur le centre d'exploitation des Sept-Deniers. C'est dans ce centre que stationnent les véhicules d'intervention, les autres centres n'ayant qu'un ou deux véhicules pour les urgences. Ce piquet sera « tournant » : un jour les agents de tel centre le tiendront, le lendemain ceux d'un autre centre, etc.

D'après les syndicats, le mouvement concernerait 1 000 agents de la région. Depuis le début du mouvement, en plus du piquet de grève (tournant), les agents ont décidé deux jours d'action par semaine, avec manifestation le mardi et jeudi. Celle du jeudi 16 avril a regroupé plusieurs centaines d'agents et est allée des Sept-Deniers au siège de la direction régionale de ERDF qui refuse toute discussion sur le projet d'externalisation. Elle a même déposé une plainte contre X pour vol de véhicules, il s'agit en fait des véhicules bloqués par le piquet de grève.

L'attitude de la direction a fait monter la colère d'un cran supplémentaire lorsque, lundi soir 20 avril, huit agents ont reçu la visite à leur domicile d'un huissier venu leur remettre en mains propres une convocation à un entretien préalable avant sanction. Le lendemain 300 agents ont décidé de déplacer le piquet au siège de la direction avec une centaine de véhicules.

Lorsqu'ils sont arrivés, ils ont trouvé les grilles fermées gardées par des vigiles, ce qui est une première. Après qu'un énorme embouteillage a été provoqué, la direction a finalement accepté d'ouvrir les grilles. Pour éviter qu'elles ne se referment, les grévistes ont placé deux buses béton à l'entrée. À une centaine, ils ont envahi le bâtiment puis sont entrés dans le bureau du directeur où la discussion a commencé. Les agents qui se trouvaient à l'extérieur du bureau ont décidé de rester, voulant avoir un début de réponse de la direction sur le projet d'externalisation.

La détermination des grévistes a payé puisque le lendemain est arrivé de Paris un représentant de ERDF qui a signé le document qui retire le projet. Le mouvement continue, pour le paiement des heures de grève mais aussi sur les embauches et le pouvoir d'achat.