- Accueil
- Lutte ouvrière n°2125
- Molex - Villemur-sur-Tarn (Région toulousaine) : Les travailleurs passent à la vitesse supérieure
Dans les entreprises
Molex - Villemur-sur-Tarn (Région toulousaine) : Les travailleurs passent à la vitesse supérieure
La fermeture de l'usine Molex de connectique automobile, employant 300 salariés, a été annoncée le 23 octobre par les patrons du groupe américain. Mais les syndicats viennent d'apprendre incidemment que Molex faisait produire aux États-Unis des doublures de moules et outils faits ici et les envoyait en Europe afin de livrer les clients, et cela depuis... le 8 octobre 2008, soit avant même la décision de fermeture.
Ce dernier épisode prouve que la décision de fermeture était mûrement préméditée. La duplicité des dirigeants de l'usine s'étalait déjà depuis des semaines. Ainsi, pour pallier aux retards de livraison (la production se ferait à 30 % selon le patron), la direction avait envisagé de déménager des moules en Chine. Ce que les ouvriers ont empêché en les bloquant sur le site. Il a même été question un temps d'embaucher des intérimaires, ce qui a été ressenti par les futurs licenciés comme une provocation.
Lundi 20 avril après-midi, les travailleurs ont donc décidé de se mettre en grève et de retenir deux directeurs à l'occasion d'une réunion de négociation du plan social.
Le directeur du site, quant à lui, a été symboliquement « viré de l'usine » par les salariés. Mais lui avait déjà préparé sa reconversion depuis septembre, puisqu'il a déjà créé sa propre entreprise spécialisée dans le traitement et l'élimination des déchets non dangereux.
Mardi 21 avril, pour protester contre le cynisme du patron et en solidarité avec ceux de Molex, la quasi-totalité des 600 salariés de Labinal, qui travaillent sur le même site, ont débrayé. Rappelons que les salariés de Molex faisaient partie du groupe Labinal-Snecma avant que Snecma ne les revende à Molex en 2004.
Les patrons de Molex comptent fermer l'usine d'ici fin juin. Ils essaient de gagner du temps par tous les moyens. Ils ont déjà été condamnés par la justice, donnant raison à l'Intersyndicale qui reprochait les procédés dilatoires de la direction pour la non-communication des éléments de la partie économique du plan social.
Le soutien des élus locaux et surtout celui de la population du canton de Villemur renforcent le moral des travailleurs. Mais les assurances du ministre de l'Industrie comme de Sarkozy n'ont trompé personne. Quant aux réunions à la préfecture sur une prétendue ré-industrialisation du site, elles tournent en rond.
Les travailleurs de Molex restent convaincus qu'ils ne peuvent compter que sur leur lutte pour empêcher le plan patronal, ou en tout cas arracher le maximum d'indemnisations (pas moins de 100 000 i par personne) si la fermeture est maintenue. Ils sont d'autant plus déterminés qu'ils considèrent à juste titre qu'ils n'ont rien à perdre.
Mardi 21 avril, vers 20 heures, les directeurs Molex ont été libérés, suite à une menace de justice de faire évacuer le site par la police. De plus, le site devait être entièrement évacué, y compris par l'équipe du soir et l'équipe de nuit censée travailler. En échange, une nouvelle réunion devait avoir lieu à la préfecture le mercredi matin où, selon la direction et les syndicats, « tout pourra être négocié, y compris les 100 000 euros d'indemnité de licenciement réclamés ». Parmi la centaine de salariés présents, très partagés, une majorité s'est prononcée pour la libération de la direction, qui est partie sous les huées et les jurons.