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Leur société
Malgé un dossier creux, Julien Coupat toujours emprisonné
Cela fait plus de cinq mois que Julien Coupat est maintenu en détention, sous l'inculpation de « direction d'une association de malfaiteurs et dégradations en relation avec une entreprise terroriste ».
Il est accusé d'avoir endommagé une caténaire sur une ligne de TGV début novembre. Malgré ses dénégations et bien que des militants anti-nucléaires allemands aient revendiqué les faits, la police et la justice s'acharnent sur lui. Par trois fois, ses demandes de remise en liberté lui ont été refusées et, plus le temps passe, plus le dossier monté contre lui se gonfle... de vent !
Julien Coupat était déjà surveillé par la police pour s'être trouvé aux États-Unis au moment où une bombe artisanale explosait à Time Square, à New York. On sait aussi que lui et certains de ses amis avaient choisi de vivre à Tarnac, un village de Corrèze, qu'ils y avaient ouvert une épicerie et entretenu de bonnes relations avec leurs voisins. Tout cela était très louche, du moins à en croire Alliot-Marie, la ministre de l'Intérieur.
Quant aux preuves de sa culpabilité, elle apparaissent bien légères : une perquisition faite à leur domicile a révélé que, sur un magazine trouvé chez eux, on pouvait voir une photo, elle-même incluse dans une autre photo, où apparaissait un morceau de fer ressemblant à celui utilisé pour couper le courant de la ligne de chemin de fer. Et au moment de son arrestation Julien Coupat avait dans ses affaires un dépliant d'horaires de train, indice propre à confondre quelques millions de gens en France.
La police a alors élargi son enquête. Début avril, l'éditeur Éric Hazan a été interrogé pendant trois heures par les policiers de la sous-direction de l'antiterrorisme (SDAT) à propos du livre L'insurrection qui vient, publié en 2007. Derrière la signature du « Comité invisible », la brigade antiterroriste voit la plume de Julien Coupat. Le livre dénonce la société actuelle et propose de la changer, ce qui n'est tout de même pas un délit. Mais comme, dans un passage, le réseau ferré est cité comme cible potentielle au cas où il y aurait un mouvement insurrectionnel, il n'en faut pas plus à la police et la justice pour affirmer que Coupat serait un terroriste.
Par ailleurs, les tracasseries contre ses amis se poursuivent ; Benjamin Rosoux, le cogérant de l'épicerie de Tarnac, a été assigné à résidence dans la Manche, à des centaines de kilomètres du village, ce qui l'empêche de se livrer à une activité hautement subversive : la livraison à domicile pour les habitants âgés du village.
Toute cette agitation policière pour accabler Julien Coupat et le présenter comme terroriste ressemble à un mauvais feuilleton écrit par un scénariste à l'imagination fertile. Cela pourrait n'être que ridicule, si un homme n'était pas maintenu en détention à cause de ses idées contestataires et parce que le ministère de l'Intérieur veut un coupable à tout prix, et surtout pas se déjuger.