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Dans le monde
La torture sous Bush : Obama passe l'éponge
Ces notes, même caviardées, n'en décrivent pas moins ce que l'administration Bush avait préconisé à la CIA en matière de torture des détenus, au nom bien sûr de la lutte « antiterroriste ».
Les prisonniers étaient entièrement dénudés, privés de sommeil et enchaînés. Les humiliations étaient variées ; leur régime alimentaire, le plus souvent liquide, de même que leur hygiène corporelle étaient altérés ; les détenus étaient frappés au visage ou au ventre. Quand on ne leur cognait pas la tête contre des murs en dur, on les invitait à se reposer contre des faux murs qui s'effondraient dès que les détenus tentaient de s'y adosser. Pour augmenter l'angoisse des prisonniers, on utilisait la « fausse noyade » - jusqu'à 183 fausses noyades pour un seul de ces détenus - ou l'emprisonnement dans des locaux remplis d'insectes.
À ce sujet, le président américain Barack Obama a convenu qu'il s'agissait d'un « chapitre noir et douloureux » de l'histoire des États-Unis, qui « a miné notre autorité morale sans améliorer notre sécurité ». Cependant, il a ajouté que, puisque ceux qui ont infligé ces mauvais traitements « ont fait leur devoir en se basant avec bonne foi sur les conseils légaux du département de la Justice, ils ne seront pas poursuivis ». Obama parle maintenant de s'en prendre aux juristes qui ont donné un cadre légal à cet usage de la torture, mais il n'est toujours pas question de s'en prendre aux principaux responsables politiques de ces pratiques indignes, l'ex-président Bush et son vice-président Dick Cheney.
Il serait bien étonnant que l'administration Obama ne passe pas l'éponge. Elle n'a certainement pas l'intention de toucher ne serait-ce qu'un peu à son propre appareil d'État ni de créer un précédent qui pourrait à l'occasion se retourner contre elle-même. Car elle pourrait évidemment à l'occasion user des mêmes pratiques, si elle ou les dirigeants de l'état-major le jugent nécessaire.
Le chef actuel de la CIA n'a d'ailleurs pas dit autre chose en expliquant que, le cas échéant, si les techniques régulières d'interrogatoire actuellement en usage s'avéraient insuffisantes, on pourrait en revenir à tout ou partie des méthodes qui viennent donc d'être condamnées... en paroles !