En décembre dernier, ces deux travailleurs, salariés de l'entreprise Aspirotechnique, avaient reçu une lettre de licenciement sous prétexte que leurs papiers n'étaient pas en règle. Or, depuis plus de huit ans, ils faisaient partie de l'équipe de ménage du centre de distribution du courrier de La Poste du 20ème arrondissement de Paris, et ils étaient donc connus de la plupart des quelque 200 personnes qui y travaillent.

Parmi les facteurs et autres employés de ce bureau de poste, la surprise avait rapidement cédé la place à une protestation collective, non seulement contre le patron licencieur, mais aussi contre son donneur d'ordre : La Poste. La direction locale interdisant sous peine de sanctions toute prise de parole à l'intérieur du bureau, c'est dans la rue que les militants CGT, indignés, s'étaient adressé le 15 décembre à près d'une centaine de personnes du bureau, c'est-à-dire la quasi-totalité des présents ce jour-là. Les prises de parole à la pause de 8 h 30 s'étaient renouvelées, avec une participation nombreuse, pendant une semaine, ce qui avait conduit l'entreprise Aspirotechnique à signer, le 22 décembre, un engagement de reprendre ces deux salariés et de remplir les documents demandés par la préfecture.

Durant des mois, les choses ont traîné, du fait que l'entreprise Onet avait succédé le 1er janvier 2009 à Aspirotechnique comme sous-traitante du ménage dans ce centre postal, aboutissant à accumuler les retards. Mais pendant tout ce temps, la détermination du personnel qui, de semaine en semaine, n'a pas lâché prise, a permis de faire bouger les choses, de bousculer les lenteurs des uns et des autres en revenant sans arrêt à la charge des services d'Onet, de La Poste et de la préfecture.

La solidarité avait encore pu s'exprimer, le 11 février, lors d'un rassemblement à l'entrée du centre, appelé notamment par la CGT des services postaux de Paris ainsi que l'Union départementale CGT. Des postiers de Paris 11, confrontés à un licenciement similaire, y avaient aussi participé.

Il a fallu attendre le 9 avril pour que la préfecture fournisse aux deux travailleurs du ménage des papiers en règle. Six jours plus tard, ils signaient leur contrat de travail à temps complet. C'est avec joie que les travailleurs de La Poste de Paris 20 ont accueilli, le 20 avril, leurs deux collègues enfin réintégrés, joie aussi d'avoir fait plier et les entreprises sous-traitantes, et La Poste.