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- Lutte ouvrière n°2125
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Dans le monde
États-Unis - Trafiquer les comptes, siphonner l'argent public, massacrer les emplois : La recette des banques pour faire des profits
Voilà à quoi a servi l'argent public massivement accordé aux banques depuis octobre par Bush, puis par Obama, pour les sauver de la ruine due à leurs placements spéculatifs désastreux. Citigroup par exemple a reçu pas moins de 45 milliards de dollars de prêts et bénéficie de 300 milliards de garantie de la part de l'État américain. Et ce sont des milliers de milliards qui ont été accordés à l'ensemble du secteur financier.
Tout cet argent, donné sous prétexte de permettre aux banques de prêter à nouveau de l'argent aux entreprises et aux particuliers pour permettre à l'économie de repartir, a servi à combler quelques trous dans leurs bilans. Quant à leur rôle de prêteur que les gouvernements font mine d'exiger d'elles, les banques le remplissent de moins en moins. Une étude du Wall Street Journal, basée sur les données du ministère des Finances, constate une forte diminution des prêts consentis par les principales banques bénéficiaires des plans de sauvetage gouvernementaux. Et cela justement entre le mois d'octobre 2008, au moment où elles n'avaient pas encore perçu la manne d'argent public, et février dernier, dernier mois pour lequel les chiffres sont disponibles. Pendant cette période, les prêts (ou les refinancements à l'aide de nouveaux prêts) consentis par ces banques ont diminué de 23 % !
Les banques prêtent peu mais avec un gros profit car elles se financent pratiquement gratuitement auprès de la Fed, la banque centrale américaine, dont les taux sont proches de zéro, tout en prêtant, elles, à 4 ou 5 % dans le meilleur des cas, car les taux des crédits à la consommation peuvent atteindre, eux, des montants carrément usuraires.
Obama, pas plus que Bush, n'a exigé de contreparties à cette distribution d'argent public. Il a au contraire mis sur pied un nouveau plan de 900 milliards de dollars extrêmement profitable aux financiers. Il s'agit de les aider à racheter les actifs toxiques détenus par les banques, en leur prêtant de l'argent public. Les banques fixeraient elles-mêmes le prix de leurs actifs pourris, qui ne valent pourtant plus rien. Les financiers et autres fonds spéculatifs pourraient ne débourser que 8 % et emprunter les 92 % restants avec la garantie de l'État. Si d'aventure la valeur de ces actifs se mettait à grimper, les bénéfices seraient partagés moitié moitié entre l'État et son partenaire privé. Et si c'est une mauvaise affaire, l'État assumera 100 % des pertes. Voilà aussi de quoi booster le bilan des banques qui vont peut-être enfin trouver preneurs pour des titres qui ne valaient plus rien. Et surtout, en attendant, elles n'ont plus à les considérer comme des pertes, du moins en totalité. Cette jonglerie comptable entre pour beaucoup dans les profits annoncés.
Mais pendant que l'argent public coule à flot pour sauver les banques, pendant que tout est fait pour brouiller les comptes, ce sont les employés de banque qui sont les principales victimes. En un an 262 000 salariés ont perdu leur emploi dans le secteur financier, sans que le gouvernement se soucie moindrement de les sauver, eux !