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Dans le monde
Conférence de l'ONU sur le racisme : Le bal des hypocrites
Mais pour bien des peuples, l'ONU a plutôt le goût du fer et du sang, tant ont été nombreuses les interventions militaires des pays impérialistes qui se sont faites en son nom, à commencer par la guerre de Corée dans les années 1950, jusqu'à la guerre actuelle menée en Afghanistan.
Bras politique et parfois armé de ce que l'on nomme communément « la communauté internationale », c'est-à-dire les grandes puissances occidentales, l'ONU entretient par ailleurs nombre d'organismes où des solutions sont censées être trouvées aux problèmes du moment : la faim dans le monde, la lutte contre l'illettrisme, contre les discriminations raciales...
C'est dans l'une de ces conférences régulières, la quatrième du genre sur le racisme, que le scandale est arrivé, porté par Mahmoud Ahmadinejad, le président iranien. La chose était d'ailleurs attendue puisqu'il y a huit ans, à Durban, la politique nationaliste d'Israël, le sionisme, avait déjà été dénoncée comme du racisme.
Certes, Ahmadinejad qui maintient la société iranienne, et en particulier les femmes, sous le voile de l'obscurantisme religieux, et qui est lui-même si prompt aux propos racistes, est bien mal placé pour dénoncer les oppressions et les discriminations. Mais le cynisme et l'hypocrisie dont ont fait preuve ceux qui ont boycotté la conférence (entre autres États-Unis, Israël, Italie, Allemagne, Pays-Bas) et ceux qui disent ne pas avoir pu supporter les propos d'Ahmadinejad (France, Grande-Bretagne et d'autres pays d'Europe) n'ont rien à lui envier. Car dire que l'État d'Israël mène une politique raciste à l'égard des Palestiniens, affirmer que les Occidentaux ont été complices de la spoliation des Palestiniens, c'est aujourd'hui enfoncer une porte ouverte.
Il est de fait que l'idéologie officielle d'Israël - qui se veut un État « juif » - se fonde, entre autres, sur les critères d'appartenance raciale supposée. Elle accorde le droit de devenir citoyen de ce pays à toute personne considérée comme juive, alors que les Arabes d'Israël (20 % de la population du pays) sont traités en citoyens de seconde zone et que cet État refuse le droit de revenir aux Palestiniens chassés de chez eux il y a plus d'un demi-siècle.
Le sionisme signifie dans les faits spoliation et dépossession de la population palestinienne, contrainte de vivre dans des enclaves gardées militairement par l'armée israélienne. Et lorsque la population palestinienne tente de résister, ce sont des bombes qui s'abattent sur elle, comme l'ont rappelé les derniers épisodes de la guerre à Gaza.
Cette attitude n'est pas nouvelle, mais est l'aboutissement d'une politique de confrontation voulue par les dirigeants israéliens, dont le premier, Ben Gourion (le père fondateur de l'État) qui, en juin 1938, n'hésitait pas à dire : « Je suis pour le transfert forcé, je ne vois là rien d'immoral. »
Jusqu'en 1993, l'ONU assimilait le sionisme à une forme de racisme, sans que cela ne change d'ailleurs quoi que ce soit au soutien que les grandes puissances, et d'abord les États-Unis, n'ont cessé d'apporter aux dirigeants israéliens, dont la politique est un élément majeur du maintien de leur ordre au Proche et Moyen-Orient.
Depuis, même si le mot « racisme » est dorénavant interdit, la politique de ségrégation, de spoliation et d'oppression nationale menée par l'État israélien n'a pas changé pour autant.