Le mardi 14 avril, une assemblée générale convoquée par l'intersyndicale de Caterpillar a rassemblé 700 personnes. La direction, pas gênée, avait invité par courrier les salariés à voter la reprise à cette assemblée, si l'occasion se présentait. Mais la réunion au ton combatif s'est terminée en manifestation.

Le lendemain, les travailleurs remettaient la pression en organisant le blocage symbolique de l'usine de Grenoble, puis l'occupation de celle d'Échirolles. Cette fois, ils décidaient que « l'usine était à eux ». Les quelques cadres y travaillant, pendant cette période de chômage partiel, furent raccompagnés à la porte et le campement s'organisa sur les pelouses. La cantine fut réquisitionnée et des bulldozers, tout neufs, déplacés devant le portail d'entrée.

Dans l'atelier immense et désert des chaînes d'assemblage d'où sortent les engins, les panneaux d'affichage continuaient d'annoncer la hausse de l'action Caterpillar !

La fin de la semaine fut marquée par les provocations de la direction. D'abord, elle annonça qu'il n'était plus question de 600 licenciements mais de 733 puisque les syndicats refusaient de discuter de l'annualisation. Après avoir fait appel aux CRS pour protéger l'entrée de ses cadres, elle assignait au tribunal 19 travailleurs pour « entrave à la liberté du travail » et « occupation illicite des locaux ». À peine le jugement rendu, qui condamnait les ouvriers à dégager les lieux sous peine d'amende, elle en convoquait huit autres à un entretien préalable à licenciement.

Le samedi après-midi, après trois heures de débat, les ouvriers acceptaient de lever l'occupation à Échirolles, préalable mis par le PDG de Caterpillar-Europe avant la réunion à Paris du dimanche.