Salaires des PDG : Leur mérite et le nôtre08/04/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/04/une2123.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Salaires des PDG : Leur mérite et le nôtre

Le maître mot aujourd'hui pour Sarkozy-Fillon, leurs ministres et toute la droite, c'est le mérite. Les PDG peuvent légitimement bénéficier de « parachutes dorés » s'ils ont été suffisamment performants, c'est-à-dire s'ils ont réussi à ce que les actionnaires des entreprises dont ils assument la direction obtiennent les dividendes escomptés.

Les gains faramineux attribués à ces PDG n'apparaissent scandaleux, pour ces gens-là, que parce que la crise a entraîné une réduction dans la croissance des bénéfices.

Comment peut-on justifier des salaires moyens de 383 000 euros par mois pour les cinquante plus gros patrons français et qui, pour certains d'entre eux, dépassent 1 million d'euros par mois ? Ces sommes étaient tout aussi choquantes lorsque l'économie était florissante et que les dividendes dont bénéficiaient les actionnaires connaissaient des progressions annuelles à deux chiffres, comme cela se passait durant ces vingt dernières années chez L'Oréal.

À quel critère mesure-t-on le « mérite » de ces grands patrons ? À leur capacité de voler des parts de marché d'une entreprise concurrente, avec souvent l'objectif de la racheter, au risque de la faire fermer et de jeter les travailleurs à la rue ? À leur capacité d'organiser le pillage des matières premières d'un pays pauvre, de jouer sur les réglementations fiscales des États pour choisir le pays qui permet d'échapper en partie ou même en totalité à l'impôt, d'augmenter l'efficacité de l'exploitation à l'échelle nationale et internationale en augmentant les cadences de travail de dizaines de milliers de travailleurs, d'en licencier une partie pour contraindre les autres à travailler plus intensément afin de réduire les coûts ? En revendiquant de travailler pour des salaires mensuels équivalant au moins à ceux d'une vie entière de labeur, ces PDG méritent, il est vrai, la palme du cynisme.

Les salariés qui supportent quotidiennement et à longueur d'année des travaux répétitifs et ennuyeux, pénibles, voire dangereux, ont infiniment plus de mérite que tous ces gens-là. Et leur salaire n'est qu'un retour, partiel, de la richesse qu'ils ont créée. Le reste est accaparé par les hauts cadres, dont on parle beaucoup, au service des gros actionnaires, dont les médias ne commentent pratiquement jamais les revenus et qui, eux, vivent grassement du travail d'autrui.

Partager