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- Lutte ouvrière n°2123
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Leur société
Petite enfance : Des promesses de crèches pour Pâques ou pour la Trinité ?
Comme il en manque actuellement de 300 000 à 400 000 rien que pour satisfaire les demandes, ce ne sont pas les 25 000 places virtuellement créées par an qui permettront d'éponger le déficit. Il naît en ce moment environ 800 000 bébés chaque année et, selon des statistiques officielles, 10 % des jeunes mères font pour l'instant appel à une structure d'accueil collectif, type crèche, soit 80 000 demandes par an. Même en supposant un « turn-over » des bébés au bout de deux ans, on est loin de voir l'offre de places devenir suffisante. Et ce d'autant plus que la Caisse nationale d'allocations familiales qui assurera ce financement ne fera que compléter les financements déjà décidés par les entreprises ou les collectivités locales, si tant est qu'elles les décident.
D'ailleurs, la secrétaire d'État passe bien rapidement aux « nouvelles dispositions de modes de garde votées par le Parlement », ainsi qu'elle nomme les demi-mesures que sont les regroupements d'assistantes maternelles et le passage de trois à quatre enfants par « agrément », c'est-à-dire par nounou. Des systèmes qui existent déjà, utilisés la plupart du temps à défaut de crèche par 18 % des parents, et qui ne pourront guère s'améliorer avec une dégradation de la qualité de l'accueil.
Aussi Nadine Morano, se mêlant de reprendre à son compte les promesses de 200 000 places en crèche faites en son temps par Sarkozy, s'empresse-t-elle de revenir sur les « jardins d'éveil » pour les enfants de 2 à 3 ans, dont l'un des avantages - apparemment non négligeable aux yeux de la sous-ministre - est de coûter deux fois moins cher par enfant et par an qu'une place en crèche. D'autant moins cher d'ailleurs que les parents devraient participer financièrement à ces garderies que le gouvernement compte expérimenter dès la prochaine rentrée scolaire, dans l'optique de les substituer progressivement aux écoles maternelles, qui sont bien plus qu'une garderie.
En ironisant sur les institutrices et instituteurs de maternelle qui n'auraient pas besoin d'avoir bac + 5 pour changer des couches, le ministre Darcos n'avait pas seulement cédé au plaisir de dénigrer les enseignants et leur travail. Il avait aussi clairement préparé le terrain à la suppression de l'accueil des tout-petits à l'école, en niant le travail d'apprentissage et d'éducation dont bénéficient les jeunes enfants.
Sa collègue Morano, en agitant surtout du vent, ne fait que continuer ce travail de sape de l'école publique, sans fournir aux femmes, en particulier aux travailleuses, une réelle solution au problème de garde des très jeunes enfants.