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- Lutte ouvrière n°2123
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Leur société
Immigration : La répression contre la misère
Le gouvernement a décidé qu'il fallait « améliorer la procédure de reconduite à la frontière » et accentuer la répression contre les « passeurs ». Ce n'est pas cela qui va tarir cette source d'enrichissement des filières mafieuses. Cela va simplement accroître les risques - et sans doute les tarifs - pour les candidats à l'immigration, prêts à tout risquer, même la mort, pour échapper à la misère.
Cela va permettre aux patrons d'exploiter dans un silence encore plus pesant les travailleurs dans l'illégalité. Quant aux immigrés « légaux », ils sont dès le départ avertis que, pour la plupart, on les jettera sans ménagement une fois leur temps accompli.
La sollicitude « humanitaire » du gouvernement est le comble de l'hypocrisie. À propos des migrants réfugiés dans la « jungle » aux abords de Calais, Besson a eu le culot de déclarer : « Tous les soirs l'État met entre 25 et 50 lits à disposition avec transport en car gratuit, et tous les soirs les places sont vides » ! Et il a ajouté, à propos des bénévoles inquiétés par les autorités pour leur aide aux sans-papiers, que depuis soixante-cinq ans la justice française n'a condamné que deux fois des bénévoles ayant aidé des travailleurs en situation irrégulière.
Mais comment imaginer que des immigrés, régulièrement pourchassés par la police qui détruit leurs campements et les embarque, vont faire confiance à ces offres, d'ailleurs ridiculement faibles, d'hébergement pour la nuit ? Comment croire à ces propos lénifiants sur l'immunité des bénévoles, alors que tout l'arsenal juridique existe pour les traîner au tribunal et même les accuser de complicité avec les passeurs mafieux ?
Le gouvernement, dont Besson se fait le porte-voix, renforce l'arsenal répressif contre l'immigration, en tablant sur le fait qu'avec la crise et le chômage cette politique recueillera les suffrages de l'opinion publique, ou au moins d'une partie. Mais cela ne mettra pas fin à l'immigration ; cela ne fera que rendre les immigrés un peu plus corvéables par le patronat.