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- Lutte ouvrière n°2123
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Dans les entreprises
Gaziers et électriciens : Des grèves pour environ 200 euros d'augmentation
Or GDF Suez a déclaré 7,4 milliards d'euros de bénéfices en 2008 (dont 6,8 pour les actionnaires) et EDF, détenu très majoritairement par l'État, 4,2 milliards de bénéfices (dont 2,4 aux actionnaires). Et ces entreprises n'ont bien entendu nullement l'intention de tenir compte des indications de Sarkozy, alors que contrairement à l'automobile, ou au bâtiment, elles ne sont pas victimes de la crise.
La seconde étincelle est venue des stock-options pharamineuses annoncées par les deux patrons de GDF Suez, Cirelli (pour GDF) et Mestrallet (pour Suez). Ils y ont renoncé aussitôt, mais cela a cependant été ressenti comme une provocation.
Quelques centaines de travailleurs de deux filiales de GDF Suez, l'une pour le stockage du gaz et l'autre pour des terminaux de navires méthaniers, se sont mis alors en grève. Après deux jours pour les uns, trois pour les autres, ils ont gagné, en majorité ou en totalité, 2 NR, c'est-à-dire, selon le langage maison, deux niveaux de rémunération, avec en plus des primes.
Ces actions ont contribué au déclenchement de toute une série de petits mouvements dans le pays. Théoriquement, tous les gaziers et électriciens pourraient être intéressés. Mais en pratique c'est surtout le personnel technique (qui n'est pas « démixé » et continue à dépendre à la fois de GDF Suez et d'EDF) qui s'occupe des interventions diverses et variées, et qui compte une quarantaine de milliers d'agents dans le pays. Il est généralement très mal payé (environ 1 200 euros par mois au début, qui peuvent s'arrondir lorsqu'il y a des astreintes ou des heures supplémentaires). Or les directions ont comme projet, plus ou moins avoué, d'externaliser ces activités en les confiant au secteur privé.
Aussi, non seulement les salaires demeureraient toujours très bas, mais en plus c'en serait fini des compléments de salaire. Du coup, un peu partout dans le pays des débrayages, des grèves ont éclaté, avec des manifestations ici ou là. Les grévistes sont souvent des jeunes qui n'avaient jamais fait d'actions de ce type auparavant.
Les revendications essentielles sont l'obtention de 4 NR, ce que tout le monde traduit automatiquement : « Ils veulent 200 euros d'augmentation », car c'est à peu près à cela que ça correspond. L'autre revendication est qu'il n'y ait pas d'externalisation des interventions techniques et même qu'il y ait un retour pour celles qui sont déjà passées au secteur privé.
Les directions syndicales, pour ce qui est de Paris tout au moins, se sont limitées à surveiller les grèves et manifestations en se gardant de donner des perspectives. Quasiment aucune information n'est donnée sur ce qui se passe en province, et lorsque les agents l'apprennent, c'est avec surprise.
L'ensemble des directions syndicales se sont mises d'accord pour proposer un mouvement le jeudi 9 avril, sous forme de journée d'action nationale avec manifestations et arrêts de travail. Tout cela s'inscrivant, comme elles l'écrivent, « dans la préparation d'un premier mai revendicatif et unitaire ». Fort bien, pour le 1er mai, mais celui-ci est encore loin et que devront faire les gaziers et électriciens grévistes le 10 avril ?
Pour le moment rien n'est prévu et, si les grévistes veulent des résultats, il va falloir qu'ils apprennent à agir par eux-mêmes !
D'autant que, le 8 avril dans l'après-midi, la direction a proposé des négociations aux directions syndicales... qui revendiquent seulement 5 % d'augmentation des salaires, ce qui n'a plus rien à voir avec les 200 euros.