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Dans le monde
Sommet de l'OTAN à Strasbourg : Une machine de guerre contre les peuples
Ce sommet célèbre le 60e anniversaire de l'Alliance atlantique en présence de 28 chefs d'État et de gouvernement, dont Obama. Et Sarkozy veut marquer avec éclat les retrouvailles de la France, non pas avec l'Otan, dont elle a toujours fait partie, mais avec son commandement intégré. En effet, quarante-trois ans après que De Gaulle s'en était retiré, les généraux français viennent officiellement de rejoindre ce commandement, même si depuis 1991 et surtout 1996, sous Chirac, cette réintégration était largement entamée.
Bien avant le début de ce sommet, le gouvernement français a tout mis en oeuvre pour exclure ce qui pourrait gâter les cérémonies officielles. Et il en a fait des tonnes.
Strasbourg en état de siège
45 compagnies de CRS, 40 unités de gendarmes, soit 11 000 hommes, ont été mobilisées, avec renfort de blindés et murs anti-émeute. Il y a même des batteries anti-aériennes. Dès la mi-mars, des policiers avaient entrepris des visites domiciliaires pour déloger les drapeaux arc-en-ciel qui commençaient à fleurir aux fenêtres des opposants strasbourgeois à l'Otan. L'université a été évacuée par la force. Treize établissements scolaires doivent fermer ainsi que vingt-cinq terrains de sport. On bloquera deux autoroutes. Dans les zones « sensibles » du centre-ville, résidents et commerçants ne pourront circuler que munis d'un badge fourni par la police. On a annulé des marchés, le ramassage des ordures a été modifié. Et, la paranoïa sécuritaire des autorités n'ayant pas de bornes, elles ont même fait sceller les plaques d'égout. Craignaient-elles que des manifestants passent par là ?
De plus, Sarkozy a suspendu, pour quinze jours, l'adhésion de la France à l'espace Schengen. Cela permet de rétablir les contrôles aux frontières, au mépris de la libre circulation que le traité de Schengen est censé garantir entre les pays européens qui l'ont signé. Comme ce sommet se déroule en partie de l'autre côté du Rhin, dans les villes de Kehl et Baden-Baden, certains des 14 000 policiers allemands mobilisés pour l'occasion viendront prêter main-forte à leurs homologues français.
L'impérialisme, lui, n'a pas disparu
À sa façon, un tel déploiement de ce que les gouvernants nomment « forces de l'ordre » est à l'image de ce qu'est l'Otan. Une réalité qui a bien peu à voir avec ce que prétendent officiels et médias, quand ils dépeignent l'Otan comme une sorte de force garante de la paix dans le monde... À d'autres !
L'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (Otan) a été créée en avril 1949, à l'initiative des États-Unis. Il s'agissait de mettre sur pied, avec onze autres États, dont la France et la Grande-Bretagne, le plus formidable bloc militaire ayant jamais existé en le dirigeant contre l'Union soviétique. Depuis, la Guerre froide a fait long feu, sans que l'URSS ait jamais eu la volonté de menacer réellement l'Occident. Cela avait pourtant été, pendant des décennies, le prétexte au renforcement de l'Otan. En 1989, le pacte de Varsovie, fragile réplique de l'URSS à l'Otan, fut dissous, les pays de l'Est ayant rompu leurs derniers liens avec Moscou. Fin 1991, l'URSS elle-même a disparu.
Même privée de sa justification, l'Otan n'a pas disparu. Au contraire, le nombre de ses membres a presque doublé depuis 1989 ! L'Otan avait promis au leader soviétique Gorbatchev de ne pas s'étendre à l'Est, en échange du soutien de l'URSS à la réunification allemande. Aujourd'hui, l'Otan regroupe tous les pays d'Europe centrale qui avaient fait partie du Pacte de Varsovie, la Slovénie, plus trois ex-républiques soviétiques : l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie. Et d'autres États de la même zone entourant la Russie pourraient, dans un avenir plus ou moins proche, rejoindre ce bloc militaire.
Et c'est après la disparition de l'URSS que l'Otan a lancé ses principales opérations : celles dites de « maintien de la paix », dans les années quatre-vingt-dix contre la Serbie et le Monténégro, en Bosnie-Herzégovine, au Kosovo, en Macédoine... ou celles dites de lutte « contre le terrorisme », en Afghanistan et en Irak depuis 2003.
Dans tous les cas, il s'est agi d'interventions militaires contre les États et les peuples, ayant pour but d'assurer, dans telle ou telle région du globe, l'ordre des grandes puissances, c'est-à-dire les intérêts des bourgeoisies des pays impérialistes.
L'URSS, qui avait été le prétexte à la création de l'Otan, a disparu. Mais pas l'impérialisme. Et celui-ci ne peut ni se passer de la force pour assurer sa domination à l'extérieur, ni des budgets militaires, à l'intérieur, pour subventionner ses capitalistes. Que le gouvernement français participe ou pas au commandement de l'Otan ne change rien à cette réalité. Ni aux méfaits perpétrés par l'armée française, seule, comme en Afrique, ou dans le cadre de l'Otan, comme en Afghanistan.