États-Unis : Obama veut faire plier les ouvriers de l'automobile03/04/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/04/une2122.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : Obama veut faire plier les ouvriers de l'automobile

Le verdict des émissaires d'Obama concernant les efforts de restructuration de General Motors et Chrysler est sans appel : les plans présentés par les constructeurs automobiles ne sont pas viables et l'État ne peut donc pas leur consentir les prêts qu'ils réclament. Le PDG de General Motors, Rick Wagoner, doit démissionner, ce qu'il a fait immédiatement.

La décision, spectaculaire, est un geste destiné à montrer la détermination d'Obama à aller jusqu'au bout de la restructuration du secteur automobile traditionnel, c'est-à-dire de mener jusqu'au bout une attaque d'ampleur contre ce bastion de la classe ouvrière américaine que représentent encore les travailleurs de GM, Chrysler, Ford, en les obligeant à abandonner tout ce qu'ils ont arraché au patronat dans le passé par des luttes dures, en matière de salaires, de protection sociale, de conditions de travail.

Depuis des mois, la perspective d'une banqueroute pour GM et Chrysler est agitée par le patronat, par le Congrès, par les gouvernants, pour arracher des sacrifices supplémentaires aux travailleurs qui ont déjà subi depuis des années maintes attaques contre leur niveau de vie et leurs conditions de travail, sans parler des centaines de milliers de suppressions d'emplois.

C'est George Bush qui, en décembre dernier, avait fixé la date du 31 mars à GM et Chrysler pour présenter chacun un plan de redressement viable, condition pour conserver les prêts de 17,4 milliards qu'il leur accordait et en obtenir d'autres. Sinon l'État serait en droit de demander le remboursement des prêts déjà consentis, ce qui conduirait les constructeurs à la faillite.

Obama exécute maintenant l'ultimatum. Il donne 30 jours à Chrysler et 60 jours à GM pour revoir leur copie et présenter « un plan de redressement beaucoup plus agressif », pour arracher des concessions supplémentaires de leurs créanciers, de leurs concessionnaires, de leurs sous-traitants et surtout de leurs travailleurs. Chrysler doit en outre s'allier avec Fiat.

Voilà des mois que les dirigeants du syndicat des travailleurs de l'automobile, l'UAW, se gardent bien d'appeler les travailleurs à se défendre. Ils ont au contraire commencé par signer avec Ford qui, n'ayant pas reçu de prêts de l'État, n'était pas « contraint » de mettre sur pied un plan de redressement, un accord qui dépouille les salariés de quelque 12 000 dollars sur deux ans en supprimant l'indexation des salaires sur le coût de la vie, en rognant sur les congés, les temps de pause, le paiement des heures supplémentaires, etc.

Les sacrifices réclamés par GM et Chrysler sont encore plus importants et, bien que l'UAW ait accepté que les coûts salariaux des constructeurs de Detroit soient alignés à la baisse sur ceux des constructeurs japonais, jusqu'à présent l'UAW n'avait pas accepté que les deux constructeurs payent avec leurs propres actions, en chute libre, la moitié de leurs dettes aux fonds qui assurent la couverture médicale de leurs retraités. GM doit 20 milliards de dollars à ce fonds et Chrysler plus de 10 milliards !

Obama a évoqué un recours possible au dépôt de bilan, qui permettrait aux deux constructeurs de poursuivre leur activité tout en étant dégagés de leurs obligations vis-vis des travailleurs, des concessionnaires, des créanciers. Obama fait ainsi pression sur les créanciers, dont l'UAW qui gère ces fonds. Mais il s'agit surtout d'obtenir, avec la complicité de l'UAW, la résignation des travailleurs devant tous les sacrifices qu'on leur impose et la suppression de dizaines de milliers d'emplois.

L'attitude très ferme d'Obama montre qu'il est décidé à engager une épreuve de force importante avec les travailleurs de l'automobile, pour le plus grand profit de l'ensemble de la grande bourgeoisie. Les dirigeants syndicaux font tout pour paralyser les travailleurs, mais il faut souhaiter que ceux-ci trouvent les voies de se défendre, car l'avidité du patronat est sans limite.

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