Société Générale : Un bonus de perdu, dix de retrouvés25/03/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/03/une2121.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Société Générale : Un bonus de perdu, dix de retrouvés

Les quatre grands directeurs de la Société Générale viennent, le 23 mars, d'annoncer qu'ils renonçaient finalement aux gros paquets de stock-options qu'ils devaient recevoir au titre de l'exercice 2008.

Témoignant d'un souverain mépris pour l'effet produit à la veille des manifestations du 19 mars, la banque avait publié le 18 le nombre de stock-options que ses dirigeants s'étaient attribuées. Comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même, ces paquets d'actions, négociables dans plusieurs années et promettant de grosses plus-values, représentaient un super-cadeau. Il consistait en 70 000 stock-options pour le président Bouton, 150 000 pour le directeur général Oudéa, et pour deux autres dirigeants, 50 000 chacun : c'est ce qu'avait décidé le 9 mars le conseil d'administration de la banque. Dix jours plus tard, le « petit » cadeau avait déjà pris de la valeur, représentant environ 1,6 million d'euros au total, valeur qui ne pouvait que gonfler avec le temps puisque le prix des actions en question avait été défini à un cours très bas.

Mais voilà que, pour faire semblant de répondre aux manifestations de mécontentement, Sarkozy et ses ministres, de Luc Chatel à Christine Lagarde, en passant par quelques autres porte-parole, ont élaboré un scénario, un appel à la « morale » dans le capitalisme, qui exigeait que les quatre patrons sur la sellette renoncent. Et après avoir, dans un premier temps, différé la levée des stock-options - c'est-à-dire la réalisation du pactole - pour tenir compte de l'aide récente de l'État se montant à 1,7 milliard d'euros, Bouton et consorts ont finalement renoncé purement et simplement au cadeau.

Sarkozy et Lagarde pouvaient ainsi faire valoir que leurs effets de manche et leur feinte indignation sont couronnés de succès. Si dans les heures qui ont suivi, on n'avait appris que d'autres dirigeants, chez Valeo et dans une filiale du Crédit Agricole, s'étaient imperturbablement attribué des bonus tout aussi substantiels !

Quant aux quatre patrons de banque, des revenus colossaux leur sont de toute façon acquis. Selon des parlementaires, par exemple, le président Bouton a touché en 2007 un salaire de 3,3 millions, en 2008, 350 000 euros « seulement », s'étant auto-rationné à cause de l'affaire Kerviel qui avait provoqué l'envol de 4,9 milliards. En outre, sur les sept dernières années, ses stock-options lui ont rapporté 5,3 millions et lui en promettent encore autant dans l'avenir. Enfin, il détient également un confortable portefeuille de 120 768 actions qui lui permettront, grâce aux dividendes en augmentation de 33 %, de mettre un peu de beurre dans les épinards. En effet, les profits de la Société Générale en 2008 ont été de 2 milliards d'euros, ce qui ne l'a pas empêchée de réclamer et d'obtenir autant d'aide publique.

Pendant que des millions de travailleurs, retraités, chômeurs subissent de plein fouet les effets de la crise du système, capitalistes, banquiers et politiciens à leur service tentent de leur jeter de la poudre aux yeux. Mais le prétendu sacrifice des patrons de la Générale ou d'autres ne fera pas passer les privations que tous veulent imposer à la population laborieuse, et les centaines de milliards distribués par l'État pour sauver les profits des capitalistes.

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