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Dans les entreprises
Continental-Clairoix (Oise) : Les actionnaires doivent payer !
La banderole « Continental en lutte » a conduit une manifestation de 15 000 personnes, ce qui ne s'était jamais vu dans cette ville qui compte 45 000 habitants. L'ambiance était à la colère contre le plan de fermeture de Continental, car tout le monde a un proche qui travaille dans ce qui est la plus grosse usine de la région, une usine qui appartient à un groupe dont les bénéfices se sont élevés à plus de 680 millions en 2008.
Dès le mercredi 11 mars, jour où la direction a annoncé la fermeture de l'usine, laissant 1 120 personnes sur le carreau, auxquelles il faut ajouter au moins deux mille autres salariés travaillant dans des entreprises sous-traitantes, les travailleurs ont montré qu'ils n'étaient pas prêts à se laisser faire. Ils sont déterminés à obtenir des garanties : zéro licenciement, maintien des salaires au moins jusqu'en 2012, des compensations financières à la hauteur du préjudice. Et le « préjudice » est grand car les travailleurs savent qu'ils ne retrouveront pas de travail dans la région.
Le succès de la journée du 19 mars a encore renforcé les travailleurs. L'objectif ensuite était de se rendre en nombre à l'Elysée pour être reçus par Sarkozy qui n'a cessé de se vanter de faire respecter ses engagements à Continental. Les travailleurs ne comptent pas se laisser bercer pas des mots, ils veulent des actes. Des délégations de travailleurs d'Automotiv (Toulouse) de Continental (Rambouillet) de Renault, de PSA, et d'autres entreprises étaient présentes tandis qu'une délégation de travailleurs de Continental était reçue par le conseiller de Sarkozy, Raymond Soubie.
Les assemblées générales se sont succédé tous les jours, regroupant entre 250 et 300 personnes. Lundi 23 mars a eu lieu la reprise, la direction ayant cédé le paiement des journées de mobilisation jusqu'à ce jour. Mais cela n'a pas été du tout la reprise de la fabrication de pneus. Certes les ouvriers ont endossé leur tenue de travail, mais bien peu de pneus sont sortis de l'usine, le lundi, comme le mardi. Mardi 24 mars au matin, la direction ayant tenté de menacer de ne pas payer le temps passé en assemblées générales, toute l'équipe s'est regroupée pour lui « expliquer » qu'il n'en était pas question. Et la direction a dû reculer. Juste après cette « mise au point », au changement d'équipe, 500 travailleurs se sont regroupés pour assister une nouvelle fois à une assemblée générale et préparer la journée du lendemain.
Le 25 mars, c'est un millier de travailleurs, pratiquement la totalité de l'entreprise, qui se sont déplacés à Paris, jusqu'aux abords de l'Elysée pour exiger de l'État qu'il intervienne afin d'obliger Continental à payer ce qu'il doit ; à commencer par le maintien des salaires jusqu'en 2012, puisque le patron prétendait que le passage aux 40 heures devait permettre à l'usine de tourner au moins jusqu'en 2012.
Nombre de travailleurs savent ce que valent les promesses des uns et des autres. Ils savent qu'ils ne peuvent compter que sur leur nombre et leur détermination pour obtenir de quoi assurer leur avenir, c'est-à-dire de quoi ne pas pointer à l'ANPE. Si les patrons ferment une usine, qu'ils paient les salaires en prenant sur les profits des actionnaires. Comme le disait un travailleur : « Nous ne sommes pas gourmands, nous laissons aux actionnaires la moitié de leurs bénéfices, l'autre c'est pour garantir nos salaires. »