Après le succès des manifestations : L'unité syndicale, force ou alibi ?25/03/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/03/une2121.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Après le succès des manifestations : L'unité syndicale, force ou alibi ?

Les confédérations syndicales réunies au lendemain de la journée de grève et de manifestations du 19 mars ne se sont pas empressées de donner une suite au mouvement. Elles ont simplement évoqué dans un communiqué commun la « mise en débat de l'étape importante que constitue le 1er mai » et convenu de se revoir le 30 mars. Pourquoi attendre ?

François Chérèque, au nom de la CFDT, a indiqué que le gouvernement avait dix jours pour faire des propositions. Mais le 19 au soir, le Premier ministre Fillon a déclaré qu'il ne changerait rien à sa politique. À quoi servent alors ces dix jours de délai ?

À la CGT, on répond aux militants qui s'interrogent qu'il faut préserver l'unité syndicale et qu'il faut donc tenir compte des confédérations qui ne sont pas décidées à donner une suite immédiate au mouvement. Certes l'unité syndicale, le fait que toutes les confédérations aient appelé aux deux journées d'actions, a été un facteur de leur réussite dans la mesure où cela a inspiré confiance aux travailleurs. Mais les militants, et les travailleurs, sont en droit de se demander pourquoi c'est toujours sur les moins déterminés que l'ensemble doit s'aligner. D'autant plus que chacun sait que les seules journées de mobilisation, répétées à deux mois d'intervalle, seront bien incapables de faire reculer patronat et gouvernement.

Plutôt que d'attendre les moins déterminés, ne faudrait-il pas les entraîner ? Pour cela la moindre des choses serait de dire où on veut aller, ce qu'on veut préparer.

Les syndicats du groupe Solidaires ont dit par exemple que, selon eux, il faut aller vers une grève générale interprofessionnelle reconductible. Mais cela a évidemment beaucoup moins de poids que si c'était la CGT qui disait clairement et publiquement qu'elle veut en venir à un tel mouvement d'ensemble pour faire céder patrons et gouvernement.

Proposer publiquement aux autres confédérations une telle perspective permettrait d'ailleurs aux militants de la CGT d'en discuter non seulement avec la masse des travailleurs, mais aussi avec les militants de ces confédérations et, pourquoi pas, de les convaincre, faisant ainsi pression sur leurs directions respectives. Et si les dirigeants de la CGT s'abritent derrière l'unité syndicale pour ne pas parler des objectifs et de la politique propres de leur confédération, faut-il conclure qu'en fait ils n'ont pas de politique différente de celles des autres confédérations, dites plus modérées ?

Si les directions syndicales étaient soucieuses, comme elles le disent dans leur déclaration commune, d'éviter aux salariés « de payer pour une crise dont ils ne sont pas responsables », elles devraient poser la question des objectifs et des moyens devant tous les travailleurs et ne pas se borner à des conversations secrètes entre dirigeants. Même si ces objectifs et ces moyens diffèrent selon les confédérations, cela permettrait aux travailleurs d'en discuter et de trancher. C'est de leur lutte pour leurs intérêts fondamentaux qu'il s'agit et elle n'est pas la propriété d'un cartel de dirigeants.

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