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- Lutte ouvrière n°2121
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Leur société
19 mars : De plus en plus nombreux dans la rue !
Le nombre de manifestants totalisé le 19 mars dans les 229 cortèges a dépassé celui du 19 janvier. Selon la CGT, trois millions de personnes sont descendues dans la rue et, même selon la police, leur nombre, 1,2 million, était supérieur à celui de la précédente journée de grève et manifestation. Dans de nombreuses villes, le niveau de la mobilisation rappelait à certains les journées de Mai 1968, ou sans remonter aussi loin, certaines manifestations contre le projet de Contrat première embauche (CPE) qui avaient forcé le gouvernement à reculer.
À Paris, les organisateurs avaient prévu que, de la place de la République, deux trajets divergents soient empruntés par les manifestants jusqu'à la place de la Nation afin de permettre aux nombreux participants de s'écouler, plusieurs heures durant. Et ils étaient nombreux sur les deux parcours, 320 000 selon les syndicats et 85 000 selon la police, qui n'en avait compté que 65 000 le 29 janvier. Venus de toute la région parisienne, plus nombreux encore que la dernière fois à défiler derrière banderoles ou pancartes d'entreprises privées, grandes ou petites, les manifestants représentaient une quantité de secteurs des services publics, de l'industrie, du tertiaire, du commerce.
Des banderoles d'hôpitaux, de lycées, collèges, écoles primaires, de l'enseignement supérieur, réclamaient l'annulation des suppressions de postes et l'arrêt d'une politique de dégradation des services. Darcos, Pécresse et Bachelot (« La loi Bachelot tue l'hosto ») étaient pris pour cible, tandis que, périodiquement, le nom de Sarkozy était conspué par des centaines de voix. Des travailleurs de Citroën Aulnay, de Renault Flins ou du Technocentre Guyancourt précédaient des ouvrières du textile coiffées de chapeaux, des employés du notariat ou des employés de McDonald's qui rappelaient à qui en aurait douté « On n'est pas des steacks hachés ! ». Il y avait ceux d'Air France, de la Fnac, de VediorBis... On a vu multitude de petites banderoles de médiathèques, radios, grands magasins, grandes surfaces, qui proclamaient, elles aussi, d'une manière ou d'une autre, « on est là et on en a marre de payer la crise, par les suppressions d'emplois et les bas salaires » !
Un peu partout dans les cortèges, des lycéens et étudiants animaient la marche. Même un collectif « Sauvez les riches » était présent pour apporter sa touche d'ironie en carrosse, proclamant « Je suis riche, mais je me soigne ».
Ils ne l'étaient pas, en effet, les manifestants, jeunes ou moins jeunes, pour qui c'était la première grève, la première manif et sans doute pas la dernière. Pas plus que ne l'étaient ceux qui arboraient un badge « Retraité Floué » et visiblement... pas contents de l'être.
Comme c'était le cas pour l'immense majorité des présents.