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Leur société
Dans les lycées professionnels : Le ministère prépare une rentrée au rabais
Les dotations horaires globales, ou DHG, ont été envoyées par les rectorats dans les établissements scolaires avant les vacances de février. Elles correspondent au nombre d'heures de cours dispensées par semaine en fonction des programmes et du nombre de classes, avec une toute petite marge permettant par exemple de dédoubler une classe pendant une heure ou deux, ou de renforcer une matière.
Pour la majorité des lycées professionnels, les DHG se traduisent par une baisse importante du nombre d'heures de cours, et par conséquent par des suppressions de postes. Pour prendre quelques exemples en Seine-Saint-Denis : le LP Aristide-Briand, au Blanc-Mesnil, perd cinq postes d'enseignants, ce qui fait douze en deux ans ; il y a deux postes en moins à Denis-Papin, à La Courneuve ; avec 78 heures de cours en moins, ce sont presque cinq postes qui disparaissent à Arthur-Rimbaud, dans la même ville ; et si la DHG est équivalente à celle de l'an dernier à Simone-Weil à Pantin, c'est uniquement par le biais d'une augmentation des heures supplémentaires, en fait, deux à trois postes seraient supprimés.
Ce qui se passe en Seine-Saint-Denis se retrouve sur l'ensemble du territoire, dans toutes les académies. Certaines sections sont fermées, sous prétexte qu'elles n'accueillaient pas assez d'élèves, mais surtout la mise en place systématique des baccalauréats professionnels en trois ans permet au ministère de l'Éducation nationale d'économiser sur le nombre d'enseignants. Auparavant, après la classe de troisième, les élèves orientés en lycée professionnel préparaient un BEP en deux ans, suivi de deux années de bac professionnel. Tous ne continuaient pas en bac pro, mais au moins, bon nombre de ceux qui s'arrêtaient au BEP sortaient de l'école avec un diplôme. Maintenant, les élèves qui ont des difficultés à suivre risquent de décrocher avant la fin et, même s'ils restent, ils auront moins de chances d'obtenir leur examen. Leurs difficultés seront en outre amplifiées par le fait qu'ils devront acquérir les mêmes connaissances avec une année de cours en moins, en perdant 612 heures de formation professionnelle par rapport à ce qui existait avant.
Pour le gouvernement, peu importe l'intérêt des élèves et des enseignants, seules importent les économies réalisées par la baisse du nombre de fonctionnaires. On assiste donc à la multiplication des heures supplémentaires pour les enseignants, et au recours accru aux vacataires ou aux contractuels pour boucher les trous puisque, dans la majorité des cas, le nombre de postes supprimés est supérieur à leur équivalent en heures de cours. Précarité, surcharge de travail, stress, voilà qui ce qui ne met pas les enseignants dans de bonnes conditions pour faire progresser leurs élèves.
Les grands perdants seront une fois de plus les jeunes des classes populaires, qui forment la presque-totalité des élèves des lycées professionnels. Leurs chances de s'en sortir et de trouver un travail seront encore plus minces, puisqu'ils seront moins bien formés. Et face à cette réalité, les plans « espoir banlieue » ou autres, ainsi que les discours lénifiants tenus par les membres du gouvernement sur les parcours « d'excellence » pour les jeunes des quartiers, ne passent pas.