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Ile de la Réunion : Manifestations pour les salaires et la baisse des prix
Les manifestations du mardi 10 mars ont regroupé environ 15 000 personnes, soit deux fois moins de monde que celles du jeudi 5 mars où près de 30 000 travailleurs, chômeurs, retraités et jeunes étaient descendus dans les rues de Saint-Denis, la capitale, et de Saint-Pierre à l'appel du Collectif des organisations syndicales, associatives et partis politiques de la Réunion (Cospar). Mais plus que la plus faible participation, c'est le fait que les dirigeants du Cospar n'aient rien annoncé pour la suite qui a laissé un goût d'amertume à bien des participants.
Les manifestations du 10 mars se sont terminées par de violentes échauffourées tant l'exaspération de la population et des jeunes en particulier est importante. Si bien que la responsabilité de ces incidents incombe totalement à l'arrogance du patronat sourd aux revendications des travailleurs et à la totale complicité avec ces exploiteurs dont fait montre le gouvernement.
L'augmentation du pouvoir d'achat et la baisse des prix sont au coeur des revendications. Partout dans les défilés des deux journées de manifestations, on pouvait lire sur les pancartes ou entendre des slogans qui résument les attentes et les revendications de la population. Parmi elles l'augmentation de 200 euros des salaires et des minima sociaux.
C'est en fin des manifestations du 5 mars que deux représentants du Collectif avaient annoncé une grève générale reconductible à partir du mardi 10 mars avec, entre-temps, des opérations « coups de poing », c'est-à-dire principalement des descentes de militants du Cospar dans différentes grandes surfaces de l'île.
L'annonce de la grève reconductible a tout de même provoqué la réaction du préfet qui s'est empressé de promettre une baisse « dans les prochains jours » du prix de la bouteille de gaz ainsi que des carburants. Et c'est le lundi 9, à la veille de nouvelles manifestations, qu'il a annoncé une baisse de trois euros sur la bouteille de gaz et de quatre et six centimes sur l'essence et le gasoil.
Toujours le 5 mars le préfet avait aussi ajouté qu'il était prêt à jouer le rôle de « facilitateur » entre les locataires et les bailleurs sociaux pour ce qui concerne le blocage des loyers. Il s'est dit également prêt à jouer le même rôle entre salariés et organisations patronales pour la revendication salariale, en précisant que l'État était prêt à prendre à sa charge 100 euros sur les 200 euros revendiqués.
De leur côté, les patrons, petits et grands, ne veulent lâcher guère plus de 50 euros. Quant au Conseil général et au Conseil régional, ils n'ont pas dit oui au fait d'apporter les 50 euros manquants et bénéficient pour cela de l'accord du Collectif qui considère que la population n'a pas à se financer elle-même.
Pour l'heure, plus personne parmi les principaux dirigeants du Collectif ne parle de grève générale. D'ailleurs, plusieurs jours avant la journée du 10 mars la presse du Parti Communiste Réunionnais avait cessé d'employer cette expression pour présenter le 10 uniquement comme une seconde journée de mobilisation. Il reste que ces deux journées ont redonné confiance et envie à beaucoup, et il n'est pas sûr que l'exemple des travailleurs antillais ne fasse pas son chemin, d'autant plus que tout ce qui sera obtenu à la Réunion sera en grande partie dû à la grève des travailleurs de la Guadeloupe et de la Martinique.