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- Lutte ouvrière n°2118
- Toulouse : Procès de l'explosion de l'usine AZF - Le pot de terre a (un peu) égratigné le pot de fer...
Leur société
Toulouse : Procès de l'explosion de l'usine AZF - Le pot de terre a (un peu) égratigné le pot de fer...
Depuis le début, la justice s'était toujours refusée à interroger les responsables de Total. Elle n'a mis en examen que la filiale Grande Paroisse - AZF, et son directeur de l'époque. Ce qui revenait à n'inculper que des exécutants.
Mais 106 sinistrés ont décidé d'employer la procédure de « citation directe », pour au moins poser ce déni de justice sur la place publique. Le 10 novembre 2008, la justice leur a demandé de verser une consignation de 750 euros chacun pour pouvoir poursuivre. Après concertation, huit d'entre eux ont décidé de payer pour pouvoir parler au nom de tous, les autres se cotisant pour rassembler ces sommes.
Deux jours avant le procès, les signataires de la citation ont été convoqués par leurs avocats qui leur ont expliqué qu'ils ne voulaient plus les représenter, que la citation était vouée à l'échec et qu'ils risquaient même des poursuites judiciaires pour dénonciation calomnieuse. Mais rien n'a entamé leur détermination. Unanimement, ils ont décidé de poursuivre.
Lundi 23 février, deux heures avant l'ouverture du procès, le bâtonnier leur a commis d'office un avocat qui a eu deux jours pour préparer sa plaidoirie. Lors de l'audience, un ouvrier d'AZF, signataire de la citation, s'est alors présenté. Sa déclaration en mémoire de ses camarades morts a mis le doigt sur ce que la justice faisait mine d'ignorer depuis le début : « Le patron de mon patron, c'était Total, et les deux doivent être sur le banc des accusés. »
Les nombreux sinistrés présents ont pu entendre avec une grande satisfaction un autre son de cloche que celui des ex-syndicalistes reconvertis dans le soutien inconditionnel du groupe Total. Et cet ouvrier a aussi été félicité par des ouvriers d'AZF présents dans la salle.
Le lendemain, le jugement sur la recevabilité devait être rendu. La majorité des sinistrés pensaient que leur action en resterait là, et que la citation serait jugée irrecevable. Ils se préparaient à sortir de la salle à l'énoncé du verdict, pour protester contre le refus d'entendre Thierry Desmarets et Total... quand le président déclara qu'elle « était jointe au fond », c'est-à-dire que le procès se ferait bien avec quatre prévenus.
Alors, bien sûr, la victoire n'est encore que morale, car la décision qui sera rendue en novembre pourra être de ne pas poursuivre Thierry Desmarrets et Total. Mais pendant les quatre mois du procès ceux-ci devront répondre de leurs actes. Et c'est bien là la moindre des choses.