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- Lutte ouvrière n°2117
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Leur société
Mariage Banque Populaire-Caisse d'Épargne : La population et les employés paieront la noce
La fusion entre ces deux banques, qui furent naguère mutualistes, a surtout suscité des commentaires quant à la nomination probable d'un fidèle de Sarkozy, Pérol, à la tête du nouvel ensemble. Pourtant le fond de l'affaire mérite aussi qu'on s'y arrête car c'est un nouvel épisode du renflouement par l'État des banques faillies.
La Banque Populaire et la Caisse d'Épargne avaient déjà reçu deux milliards d'euros lors du plan général de sauvetage des banques, en septembre. La Caisse d'Épargne avait d'ailleurs immédiatement reperdu 751 millions dans de malheureuses opérations spéculatives. Qu'importe ! Pour favoriser la fusion, l'État se prépare à remettre cinq milliards d'euros au pot.
Les deux banques, assises sur les dépôts de millions de familles populaires, avaient en 2006 fondé ensemble Natixis, une société chargée d'opérer sur les marchés à risques. Trop risqués pour elle sans doute, car ses pertes avérées sont d'un milliard d'euros et ses pertes estimées pour l'année 2008 de 2,5 milliards d'euros. Le cours de l'action Natixis a baissé de 90 % depuis sa création. C'est ce trou, résultat de spéculations malheureuses, que l'État veut essayer de combler par la fusion des deux maisons mères et leur recapitalisation.
En outre les 90 000 employés des deux banques fusionnées risquent de faire les frais de l'opération. Une fusion bancaire, comme n'importe quelle autre opération de ce type, est toujours l'occasion et le prétexte pour supprimer des emplois. Même si ni le gouvernement, ni les directions des banques n'en ont encore parlé, les employés de la Banque Populaire et ceux de la Caisse d'Épargne ont toutes les raisons d'être méfiants. D'autant plus qu'il existe un plan de suppression d'emplois à la Caisse d'Épargne, pour l'instant « gelé » et que Natixis a déjà procédé à des licenciements.
La fusion risque donc de se solder au total par une subvention, à fonds perdus, de sept milliards d'euros d'un côté et des milliers de suppressions de postes de l'autre. Ce que sans doute, dans le monde patronal, on appelle un « mariage de raison ».